Pierre la Piaille

« – Je vous jure ! Il répétait inlassablement ces trois mots, comme pour relancer sans cesse le moteur de sa logorrhée. C’était une sorte de tampon verbal, qui avait dans sa folie une grande valeur officielle, presque institutionnelle. C’était un certificat, en bonne et due forme, et pour accentuer sa bonne foi il insistait lourdement sur le « r » final qu’il roulait non sans un plaisir évident. « – Je vous jure ! Pierre La Piaille jurait pour tout. Il vous jurait que les chevaux ne dorment jamais, il vous jurait que son oncle avait été ministre, que la soupe, même chaude, est toujours …

Nous

  Je suis le frère de ma sœur et moi, la sœur de mon frère – Je suis le plus jeune des deux. Durant toute mon existence, je n’ai cessé d’admirer ma sœur. Elle était magnifique et l’attention qu’elle me portait me comblait. Nous avions des conversations sans fin sur tous les sujets et son point de vue éclairait mes interrogations, donnait du sens à mes doutes et créait une confiance face à laquelle j’étais sans nul doute démuni. Elle avait cette force tranquille que certaines femmes ont par nature, une assurance et une détermination sans limite qui en faisait …

De que veniatz cherchar ?

Cette bourrée est jouée par Claude Thivet, un accordéoniste de Mauriac enregistré par José Dubreuil en 1990. De que veniatz charchar B3 Continuons notre exploration des « standards » avec cette bourrée très connue, interprétée ici dans un mode mineur.  Nous ne savons pas si cette version a été transmise ainsi à l’accordéoniste ou si c’est une adaptation personnelle. Dans les deux cas, les spécificités de cette version restent les mêmes. Avant d’arriver sur le tempo et la dynamique de la danse, le musicien ménage un peu le suspense en proposant une introduction plus lente sur la première partie de la mélodie. …

A hauteur de chien

Cet animal domestique qui de toute évidence doit rêver de se dresser sur ses pattes arrière pour tenter d’inverser les rôles avec les hommes qui depuis l’aube des temps n’ont cessé de le dresser, de l’asservir, de le faire marcher, courir, s’asseoir à la baguette, de lui donner des ordres et de lui crier jusqu’aux tréfonds de ses oreilles mobiles pour que ces mêmes ordres lui soient entendus de toute part, couché, assis, à la niche et au pied, méritait que quelqu’un se mette à sa portée. C’est exactement ce que fit notre homme en sacrifiant la partie de son …

Belle rose

Ce « standard » des airs de marche dans le répertoire du Massif central est interprété par Paul Dexpert à l’accordéon chromatique, enregistré par José Dubreuil le 31 janvier 1989 à Mauriac. ENQ0042_06 (belle rose) L’écoute des « standard » est particulièrement intéressante pour déceler les petits trucs des musiciens, les éléments de styles, les particularités, curiosités, émotions, et tout ce qui fait la musique. Ici, en apparence, rien de spécial, si ce n’est un morceau très connu qui traîne dans nos mémoires ! Pourtant, je ne voulais pas commencer l’année 2013 sans partager les petites choses qui m’ont chatouillé les oreilles à l’écoute …

Bourrée à Peyrat / Bourrée à Chabrier

Clémence Cognet, violoniste du groupe L’Armoire Bleue (avec Eric Desgrugillers et Jacques Puech) nous présente une suite de bourrées que le groupe a enregistré sur leur album paru en juillet 2012. Il s’agit ici d’expliciter ses choix par rapport au morceau, à l’arrangement, de dévoiler quelque peu le passage entre des documents de collectage et des pièces contemporaines.

Siasque en ivern… (Harmonica en Auvergne 2)

Cet air pourtant connu et pour le moins étrange est joué à l’harmonica diatonique par Guy Crumeyrolle, enregistré à Moussages par José Dubreuil le 12 janvier 1990. ENQ0040_05 Siasque en ivern P Il s’agit d’un air à danser à mi-chemin entre la marche et la polka, suivant une structure particulière. Il présente trois parties (A, B et C) dont une variée jouée en ternaire au démarrage du morceau (A), puis en binaire par la suite (A’). Ces trois parties s’enchaînent de la façon suivante : la première est toujours la même (A ou A’), la seconde varie de l’un à …

Mon père avait…

C’est une chanson très répandue dans le répertoire général des chanteurs de tradition orale du Massif central. Il en existe autant de versions que d’interprètes. Celui que nous écoutons est Antonin Delchet, dit Maurice, originaire du pays de Mauriac et enregistré par Jean-Claude Rocher le 26/06/1990 à  Murat (cantal). ENQ0039_02 Cette chanson sonne un peu « vieillotte » à notre oreille actuelle, le sujet en est relativement léger, tout comme la mélodie d’ailleurs. Pourtant, il me semble que quelque chose dans cette interprétation retient l’attention. Le son de la voix, d’abord, très ample, éraillé, pose toute son épaisseur sur cet air tout …

Las tres aulanas

C’est une bourrée très connue, chanté par Pierre Lamarche de Trébiac, enregistré le 31 janvier 1989 par José Dubreuil. ENQ0005_01 las tres aulanas B3 Cette bourrée est interprétée avec beaucoup de précision dans le phrasé. Le chanteur alterne de façon très sûre les accents et les suspensions, ce qui donne à la fois de la souplesse et de la dynamique. Regardons sur la partition cette alternance d’un peu plus près. Les suspensions, notées par un tiret sur la note, se situent toujours à contre-temps, jamais sur un temps fort (c’est-à-dire sur la première note de la mesure). Cela veut dire …

Le pommier

Cette chanson amusante est interprétée par Antonin Delchet (appelé également Maurice), enregistré par Jean-Claude Rocher le 26 juin 1990 à Mauriac. MS020 le pommier Il s’agit d’une chanson à accumulation où un élément s’ajoute au fur et à mesure, à chaque couplet. Le jeu consiste à ne pas faillir, ni dans la mémoire, ni dans la diction. Le premier couplet est une accroche, c’est-à-dire qu’il permet de lancer la chanson, de poser en quelque sorte le décor, afin d’amener le premier refrain. Ce dernier donne la couleur et annonce ce qui va se passer : à partir de là, on sait, …