Cette bourrée très connue est jouée par André Damprund, enregistré le 11 janvier 1988 par José Dubreuil à Mauriac.
A première écoute, comme souvent, rien ne semble particulièrement accrocher l’oreille, c’est une bourrée jouée dans le style bien repérable des accordéonistes cantaliens, avec ses ornements et sa cadence enlevée. Mais à y regarder de plus près, des éléments très fins et particulièrement intéressants apparaissent au grand jour.
D’abord, la mélodie est standard, sans variation particulière. Par contre le jeu entre les ornements, les articulations et le rythme retient notre attention : les notes liées et piquées ne sont pas toujours les mêmes à la reprise des motifs mélodiques. De la même façon, les ornements bougent parfois d’un note à sa voisine (voir par exemple les mesures 5 et 9). Du point de vue du rythme, certaine notes s’allongent, raccourcissant la note suivante (mesures 1, 4, 9, 13, 25 et 29). Ces toutes petites choses, combinées ensembles, apportent beaucoup de « peps » et de vie à la mélodie.
L’accompagnement, ensuite, n’est constitué que de deux accords (do et sol). Il ne faut donc pas chercher dans l’harmonie l’originalité de cette interprétation. Mais un petit signe indique autre chose : les basses alternent régulièrement d’un accord à l’autre, mais là encore utilisant l’un ou l’autre accord. En plus, sur la première partie, l’accord ne change pas, alors que la basse alterne de DO à SOL. L’accompagnement ressemble alors beaucoup plus à un bourdon rythmique qu’à un soutien harmonique. Par ailleurs, la découpe rythmique du couple « basse – accord » est variable (soit trois croches, soit noire croche). La basse étant toujours allongée, l’accord toujours piqué, cet accompagnement apporte du sautillant et de la cadence à une mélodie déjà très vivante.
Le tout combiné donne à entendre une bourrée très bien « envoyée », très bien jouée, pleine de petites surprises, de petits rien qui font tout!
Allez! à vos binious maintenant!
Eric Desgrugillers