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L’enfant vint au monde et comme il le fallait, accepta, après qu’on l’ait frappé alors qu’aucune raison n’était apparente, de pousser son premier cri.

Il savait en lui que tout cela n’avait pas de sens, mais que faire contre les règles d’un monde où l’on arrive démunie et où tout autour tout semble régi par des rites incompréhensibles.

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Le mieux était de se faire discret et de répondre aux évidences du moins celles qu’il considérait comme telles.

Il accepta donc, en espérant qu’on le laisse en paix par la suite, un temps dont il avait besoin pour tenter de comprendre dans quel univers il avait atterri.

Les univers se suivent mais ne sont pas obligatoirement identiques. Lui, il avait été dirigé sans son accord car c’est ainsi que va le monde vers une sortie gardée par une femme qu’il ne connaissait pas et qui malgré tout accepta elle aussi qu’il passe de ce néant liquide, et chaud et relativement sourd à ce que l’on nommait la vie où le néant s’anéantissait, le liquide disparaissait, la chaleur s’atténuait et où le sourd bien au contraire devenait bruyant et quasi violent à son entendement.

En fait, un monde inversé dont il n’avait d’autres choix que de s’y accoutumer car ce type de porte ne fonctionnait que dans un sens.

Il eut beau tenter de faire marche arrière, placé sur le dos comme on l’avait déposé, il ne pouvait rien faire, immobilisé dans une  posture qui puis est lui faisait perdre sa capacité à marcher qu’il avait sentie en lui en s’évadant de son monde précédent. Ce n’était pas de l’enfermement qu’il subissait mais une situation de garde à vue où on lui faisait oublier ses réflexes premiers afin de le rendre vulnérable et sans autre possibilité que celles de subir son nouvel état.

Etant donné qu’il avait remarqué que dans ce monde inversé à celui d’où il venait, seul le son avait décuplé et paraissait être entendu, il poussa d’autres cris pour se faire remarquer avec l’espoir qu’on le change de place, ou du moins de position, lui donnant ainsi une petite chance de se sortir du pétrin dans lequel il venait d’atterrir sans avoir pu programmer son voyage.

Lorsqu’on se décida enfin à se saisir de ce qu’il était alors, un fétu de paille, on le conduisit pour faire cesser ses cris qui d’ailleurs quelques secondes plus tard se seraient taris de leur seule fatigue, de leur essoufflement, par la mise en douleur de ces cordes vocales, il découvrit derrière le voile bleuté de son regard de poisson tout juste sorti de sa marre visqueuse un être qui le portait sur ses bras, un être en tout comme lui mais un géant où il ne sut pas s’il était un bien de consommation pour cet ogre ou un paquet à livrer par un facteur aux bottes de sept lieux sans pouvoir imaginer où il allait bien pouvoir être déposé. Nul voyage dans l’espace ne peut remplacer une telle expérience dans l’air qu’il traversait à une vitesse vertigineuse.

Lorsque le géant s’arrêta, il vit, mais cette fois d’une manière horizontale, une autre géante d’où rien ne s’échappait car ses yeux étaient clos. Il comprit très vite à la vue de cette personne que des similitudes existaient entre elle et la porte qu’on avait choisie pour lui.

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Il comprit également que cette porte contrairement à la préparation que lui avait demandée son entraînement pour en sortie, que cette porte était désormais définitivement condamnée et qu’on lui indiquait ainsi que tout retour était inenvisageable.

C’est ce qu’il fit dès qu’il fut à nouveau allongé et dans le silence retrouvé, il mima le visage de sa porte en fermant ses yeux en clouant sa bouche et en réduisant jusqu’au silence tout mouvement appartenant à son être.
Voyant que les bras de la porte condamnée se transformaient en fleurs, il choisit de devenir une de ces plantes pour échapper à son sort et peut-être ainsi franchir une autre porte dérobée qu’il pourrait ainsi trouver avec moins de difficulté.

Ce qu’il ne savait pas c’est que seul, n’ayant prévenu personne il n’eut pas la chance de voir ses membres supérieurs se transformer en fleur.

En conséquence, il se perdit dans une multitude infinie de porte où personne n’aurait pu savoir si elles étaient une sortie ou une entrée.

Depuis, il ouvre et ferme toutes celles qui débouchent dans les couloirs qu’il parcourt à la recherche de celle unique, liquide, chaude, absolument sourde et coloriée qui le transformerait en fleurs.

André Ricros

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