Les mazurkas d’Alfred Mouret

Alfred Mouret est un merveilleux violoneux, découvert du côté de Saint-Donat (Puy-de-Dôme) par Olivier Durif en 1976. C’est une belle histoire que cette rencontre : le vieil homme n’avait plus touché un violon depuis longtemps, et lorsqu’ Olivier Durif lui en ramène un et lui laisse quelques semaines, notre musicien retrouve ses doigts et son aisance. Et au fil des nombreuses rencontres, Alfred Mouret livrera tout ce dont il se souvient, et en particulier le répertoire de son père. En effet, en digne fils de François Mouret (dit « L’Anglars », éminent violoneux), Alfred fait entendre de très belles mélodies, des versions …

Des tranches de saucissons…

Nous vous proposons pour cette année 2015, non pas une mélodie à la fois, mais plusieurs que nous allons comparer, associer, déconstruire, afin de mieux saisir ensemble de quoi sont constituées les musiques traditionnelles du Massif central. Nous commençons donc l’année sous le signe du départ : nous allons partir à la rencontre de ces musiques, destination inconnue, mais toujours à partir d’un point bien repéré. Puisque, comme on dit chez nous, « dans le cochon tout est bon », alors pas de demi-mesure, voici quelques tranches de saucissons. Un « saucisson », dans le langage populaire du musicien est un morceau « standard », très connu, …

Méfions-nous des apparences

  Mon pauvre vieux avec ta jambe de bois Rien ne présume que ce soit toi A moins que le soleil ait glissé dans un recoin du ciel Pour t’épargner cette peine de ne point en être le père.   L’enfant dira plus tard : – Pourquoi ce capitaine avait une moustache et moi, pas la moindre trace ? Lui, des bottes noires, et moi immaculées Alors que tous les deux, nous portions des lacets.           Dieu est encore trop petit pour peser sur le monde André Ricros

Il est trop tard

C’est l’histoire d’une femme qui, tous les dimanches, allait à l’église pour voir celui qu’elle ne pourrait jamais posséder, le fils des fils, l’homme intouchable, la beauté dont elle rêvait. Il était là, dans l’ombre du déambulatoire, cloué sur une croix de chêne avec cette expression tragique et ineffaçable qui la bouleversait. Elle avait pensé venir de nuit avec son escabeau pour le décrocher. L’emporter chez elle. Lui retirer la croix, et après lui avoir cassé les bras pour les positionner le long de son corps, l’allonger dans son lit pour toujours. Pour toujours, l’avoir pour elle seule. Pour toujours, …

GOÉMON

Marie MONTARNAL – Octobre 2014 Solstice d’hiver, ciel lourd, la nuit de l’ankou monte des flots. Un promeneur ordinaire se perdrait sur cette terre aride, mais lui, il sait où il va. Le grondement des galets mêlé au murmure obsédant du ressac le guide. Il traverse la dune à pas lents, déterminé. Le ciel s’obscurcit davantage, pas une âme vivante à la ronde, pas même l’ombre d’un chien errant ou d’un renard affamé. L’ankou les a fait fuir. Il  avance, il va à sa rencontre, il sait qu’elle est là. Elle rôde sur la lande, sur la grève, à fleur …

Jeannette Remise

L’Aubrac était là, intact avec sa pluie de rochers disposés sur l’herbe par une main d’artiste dont certains furent mis en mur et d’autres en d’insolites amoncellement où l’œil des Hommes a dû s’y arrêter pour d’étranges prières. L’Aubrac est toujours là dans ma mémoire, mémoire de celui qui a eu la chance de la rencontrer comme on rencontre un être exceptionnel, petite femme où l’humanité avait posé son essence et qui donnait en échange cette paix inestimable que l’on cherche tous pour être en harmonie avec soi-même. Elle incarnait par sa présence la joie et le plaisir de vivre, …

Deux frères

Ce sont deux frères de leur pays sont Ce sont deux frères. Le haut de leurs calebasses est protégé de casquette et de béret. Leurs cols sont serrés de cravate et de veste attachée. Leurs poches pleines de mains cachées. Leurs visages traversés d’un sourire non forcé. Le bas de leurs corps planté large sur des bustes étriqués. Leurs braguettes quasi fermées sur des oiseaux déchlorophyllisés. Ce sont deux frères dans leur pays resteront. Ce sont deux frères. Dieu est encore trop petit pour peser sur le monde. André Ricros