Le sens du partage

Ils adoraient leurs enfants. L’aîné s’appelait Jean et la petite, Justine. La petite, car la dernière, mais elle n’avait rien de petit. Ni son physique, ni sa force morale. Ils les adoraient et pour pouvoir les admirer lorsqu’ils échappaient à leurs regards, ils leur imposaient de se faire photographier en pied au moins une fois par an. A cet effet, le curé du village se déplaçait avec son matériel quasi magique et opérait les deux clichés en faisant en sorte de varier le décor. Pour cette série, il avait quand même trouvé ce bout de mur du jardin où un …

Souvenir de Musette, ou la java d’un saxophoniste du Cézallier qui était monté à Paris

Albert Faucon, saxophoniste et accordéoniste a marqué les esprits des musiciens du Cézallier qui se souviennent encore de lui, de sa musique et de sa réputation. « Un son comme ça, j’en avais jamais entendu! » dit Gilbert Vallon, saxophoniste et batteur originaire de la région d’Ardes-sur-Couze pour qui Faucon a été une véritable révélation musicale et initiateur d’une vocation à vie.   À son époque nouveauté de nos plateaux, le saxophone de Faucon fera des émules, soutenu à merveille par l’accordéoniste Marcel Plane en particulier. Avec Alexander, et d’autres, Albert Faucon fait partie de ces saxophonistes français qui ont gravé sur …

La Gillette Piau

« Emmerde pas les poules, qu’elles pondront des œufs carrés ! » balançait elle rituellement à son fils, campé comme un I dans la terre juste derrière elle, lorsqu’elle donnait à manger à ses volailles chéries.  « Et les œufs carrés, j’peux t’dire, c’est pas facile à manger! » La Gillette Piau, puisque c’était son nom, tenait énormément à cette théorie qui était plutôt une forme de croyance populaire largement répandue dans le Massif Central, à savoir que les poules peuvent potentiellement, à chaque instant, décider conjointement de réaliser l’insurrection du poulailler contre tous les éventuels mauvais traitements que pourraient lui prodiguer leurs maîtres, …

Si vous saviez….

Cette bourrée en trois parties, connue sous le titre : « Si vous saviez jeunes fille », est jouée par Jean Pradal à l’accordéon chromatique et est extraite du CD « L’accordéon en Auvergne », coll Ethnic, Auvidis-Silex. https://amta.fr/wp-content/uploads/2013/10/Si-vous-saviez-jeunes-filles.mp3 Le style général de ce morceau sonne à nos oreilles comme typique de la colonie Auvergnate à Paris de cette époque (années 1920-1930), un accordéon à la fois nerveux et léger, une certaine ambiance, une certaine chaleur (on entend l’instrumentiste qui chantonne en même temps qu’il joue, à moins que ce ne soit la voix de Martin Cayla, adepte de ce genre d’exercice et dont …

Voir la mer

 Quitter ces montagnes pour aller voir la mer, quel périple, que d’excitation et d’empressement. Le voyage en car est interminable. Pour l’essentiel, il est passé en discussion inutile ou futile. Les paysages traversés n’étant en rien un but énoncé, ils ne sont pas regardés. Seuls deux points comptent, celui du départ et celui de l’arrivée. Le reste est un espace de contrainte et de fatigue nécessaire. D’ailleurs à ce propos, interrogées à leur retour, aucune de ces jeunes filles ne pourra faire le plus petit commentaire sensé sur le trajet. Nul ne relèvera ce manque et nul ne fera le …

Eclats de cornemuse

Pièce contemporaine pour cornemuse composée et interprétée par Olivier GITENAIT
Cornemuse – Bernard BLANC

Emprunts mélodiques :

« Bourrée à Dechaud » Trad. Centre France
« Clef des chants » d’Olivier Gitenait

Film produit par l’AMTA

Les siamois

Des siamois à trois pattes, voilà qui n’est pas commun. En fait, il semble bien qu’il y en ait une quatrième mais perpendiculaire aux autres et soutenues par les mains droites des deux enfants étroitement réunis. Que peut bien circuler entre ces deux rêveurs où les os du crâne leur sont communs ? Quel échange de pensée à partager et quels propos à échanger ? Sont-ils différents ou l’un des deux à l’ascendant sur cet étrange duo. Il semble d’ailleurs à mieux regarder cette image que celui de gauche ai grandi d’avantage que son colocataire ce qui doit au quotidien poser de …

L’Auvergne profonde

L’Auvergne est profonde comme l’indique cette photographie où l’opérateur, dos aux roches tuilières et Sanadoires fixe sur le papier, le lac de Guéry avec en fond les monts Dore. Sa profondeur s’exprime ici par sa magnificence, par sa noblesse et sa puissance. L’espace prenant la parole, il raconte une histoire millénaire où les mains des hommes qui l’ont foulés ont dessiné l’essentiel des sculptures paysagères qui apparaissent sur cette image. Je ne parle pas des masses montagneuses ni de celles non moins colossales que contient ce lac de cratère. Je parle des placements des bâtiments que ce soit l’auberge de …

Je ne marche plus, je roule

Le meilleur moyen de ne pas user les semelles de ses chaussures c’est de ne pas marcher ou de s’en aller en vélo. Mais que d’économie pour pouvoir acquérir ce type de machine infernale où nombreux sont ceux qui y perdirent la vie, l’usage de leurs jambes, de leurs bras ou de leur cerveau. Saoul, on roule dans le fossé et l’alcool protège ceux qui y passent la nuit en pleins hivers. Le vélo quant à lui n’a aucune mémoire et ne va que là où le regard le porte. Sur terrain plat et lisse, il peut préserver son chauffeur …