La pièce

La vigne lui donnait l’illusion d’être fixée à une tâche infinie qui de rangée en rangée l’emprisonnait et la conduisait au fond de ses ressources. Seule la nuit mettait un terme à cette folle perspective et reconduisait ses pas vers la seule lumière qui puisse lui redonner un peu d’espoir : sa maison. Là, telle un homme que tous ses gestes incarnaient, elle posait une carapace de terre qu’elle semblait accrocher à des clous plantés dans le revers de la porte et elle apparaissait de toute évidence dans son élégance dès qu’elle faisait un pas en direction de la lampe qui …

Urgence

Ce matin je suis parti, attiré davantage par la rivière que par la pêche elle-même. M’asseoir au bord de l’eau m’était devenu nécessaire, presque urgent, et il me fallait tout mettre en œuvre pour y aller le plus vite possible. Sur place, le temps de s’équiper crée toujours en moi une effervescence où tout me paraît trop long, générant une impatience démesurée et paradoxale puisque je suis exactement parvenu sur le lieu que j’avais prévu d’atteindre. En fait l’important est tout autre et bien plus simple : c’est d’être devant le cours de l’eau, prêt à abandonner le plaisir de …

CONTAMINE Nicolas

Piano, batterie, percus, cornemuses du centre Biographie artistique : Né en février 1973 à Clermont-ferrand, Nicolas Contamine démarre la musique jeune… c’est dès ses 5 ans qu’il commence le piano en cours particuliers, puis avec le temps, et l’envie grandissante, intègre des écoles régionales de musique (en orgue également, à l’école yamaha où il sera primé dès 1985). En 92, il passe le concours d’entrée à l’ENM de Villerbanne, l’obtient, et rentre en classe de jazz niveau II avec, pour professeur Vincent Martin et Mario Stantchev. A ce moment, il écume les piano-bar de la région et gagne sa vie …

Finette

Après avoir passé le temps du repas sous la table, je bougeais comme chaque jour dès que la main de mon maître m’apparaissait, tenant au bout de ses doigts la croûte de fromage qu’il m’offrait le soir en récompense de la journée passée à le suivre d’un bout à l’autre de la ferme. J’attendais ce moment avec impatience. Je lui prenais le bout de cantal de la pointe des dents sans le toucher et j’allais m’allonger, la tête posée sur mes deux pattes de devant au plus près de la cheminée. Là, couchée, je fermais les yeux, faisant semblant de …

Toutoune

Tous les soirs et tous les matins avant de partir à son travail et avant de se coucher, il libérait dans sa cuisine un espace de circulation « bourrétique » pour y tracer ses dernières trouvailles chorégraphiques. Des créations sans fin assujetties à un seul genre : la bourrée à trois temps. Après quarante ans d’exercices solitaires en préparation des bals à venir qui disparaissaient des pratiques sociales de ses congénères aussi vite que ses canines et ses prémolaires, il en vint à envisager une alternative à son isolement. « Toutoune », berger allemand féminin, qui assistait en paix à …

Le jardinier

Dire qu’il aimait son jardin, c’est minimiser sa passion. Dire qu’il était un jardinier fou, c’est marcher sur ses plantations. La seule chose que je pourrais vous dire, c’est d’aller le voir dans son potager. – Reste où tu es, ne bouge pas sinon tu vas envoyer des vibrations et retarder le départ de mon régiment de petits pois qui va se mettre en route, car l’arrosage que j’ai fait il y a un quart d’heure doit les avoir réveillés. Tu entends ? – Non, je n’entends rien. Il se coucha en plaçant son oreille contre la terre fraîchement travaillée. – …

Le bûcheron

I. Tatati et tatata La porte franchie, la pièce unique était à l’image de ce qu’il était : – d’une part un homme sédentaire avec table, chaise, lit, cuisinière et placard ; – et d’autre part un bûcheron avec bidons d’huile, d’essence et de graisse, outils en tous genres et plusieurs tronçonneuses associées à son mobilier, dans leur entier ou en pièces détachées. De toute évidence il aimait son travail, car il prenait ses repas en sa présence, la table étant un établi, et il dormait avec cette étrange compagne, car une de ces inquiétantes machines était allongée sur les couvertures. – …

La Vouivre (6/6)

Ce soir-là, devant la porte de l’église, les hommes étaient là et en retrait, toute la population pour écouter. Je vous ai fait venir car il n’y aura pas d’issue favorable pour nous. Ces trois bêtes se font une guerre sans merci sous nos pieds et ce sont des énergies qui ne s’additionnent pas dans le bon sens. Les pierres bougent et les trois vouivres prennent le dessus. Voilà ce que l’on va faire. Mais je ne vous garantis pas que ça réussira. Chaque groupe se placera devant la pierre qu’il a planté, plus quelques hommes pour la vouivre de …

La Vouivre (5/6)

Puis vint le matin où on l’entendit parler tout seul lorsqu’il traversa le village, égaré dans ses pensées, perdu dans son monde, isolé du reste du village comme jamais il ne l’avait été. – C’est trop tard, je n’y arriverais pas tout seul. Dans les mois qui suivirent, tout recommença pour atteindre des niveaux de cataclysme jamais vus. Les gens d’Alleuze ne pouvaient quasiment plus sortir sans risque de se faire embarquer par une tourmente ou une crue subite de la rivière. La vie était devenue impossible à cette population délaissée de tous et qui résistait quand même. N’y tenant …

William Sabatier

Sam 19 février 2011 – 21h Au Gamounet, Les Brayauds, St-Bonnet-près-Riom (63) Soirée exceptionnelle de soutien aux Brayauds avec William Sabatier récital Bandonéon Solo. Rens : 04 73 63 36 75 William Sabatier, aborde très jeune l’univers du tango, qu’il étudie sous toutes ses formes en autodidacte, sous l’impulsion de son père. Sa rencontre avec le bandonéoniste français Olivier Manoury , va l’orienter vers une technique plus moderne de son instrument. Dès l’âge de 16 ans, il relit le répertoire populaire du tango et se produit régulièrement avec le pianiste uruguayen Angel Fernandez. Cette expérience lui permet d’intégrer toute la …