De prime abord, à la vue de cette image, l’on peut imaginer que l’homme au chapeau venu voir ses parents à Mozac en cette année inoubliable de 1953 demande à son amie, ou peut-être à sa femme, de fixer cet instant où il peut montrer à quel point il est fier de lui.
D’ailleurs, à ce propos, les léopards ne pondant pas des limaces, le père a semble-t-il gardé cette magnifique opinion de lui-même, signe sans nul doute atavique, de cette famille. La mère, quant à elle, arbore une autre attitude, où ses mains et son visage renforcent une humilité et une soumission sans équivoque. Son petit sourire nous laisse entendre qu’elle est quand même fière de ce fils exubérant, extraverti et persuadé d’avoir atteint le plus haut sommet du tas de fumier du village. Son cocorico sonne dans le verger, posé sur une patte, les ailes écartées comme tout gallinacés à la crête turgescente et aux ergots démesurés.
En fait, la lecture de cette image n’a pas grand-chose à voir avec la réalité qui vient d’être décrite.
Après enquête, nous avons appris que la chienne consciente de son grand âge demanda à un de ces congénère de réaliser cette photographie afin qu’elle puisse laisser une image de ses animaux de compagnie à sa descendance.
Dieu est encore trop petit pour peser sur le monde.
André Ricros
Le 17 novembre 2013
Lagarrigue