C’est l’histoire d’une femme qui, tous les dimanches, allait à l’église pour voir celui qu’elle ne pourrait jamais posséder, le fils des fils, l’homme intouchable, la beauté dont elle rêvait.
Il était là, dans l’ombre du déambulatoire, cloué sur une croix de chêne avec cette expression tragique et ineffaçable qui la bouleversait.
Elle avait pensé venir de nuit avec son escabeau pour le décrocher. L’emporter chez elle. Lui retirer la croix, et après lui avoir cassé les bras pour les positionner le long de son corps, l’allonger dans son lit pour toujours. Pour toujours, l’avoir pour elle seule. Pour toujours, se coucher à ses côtés, le caresser et le caresser encore pour qu’il retrouve ce sourire qu’elle imaginait pouvoir échanger avec lui.
Elle ne pensait qu’à ça, l’allonger dans son lit sous un monceau de drap, de couverture, de couvre lit au crochet afin qu’il ait chaud, qu’il ressente à nouveau l’agitation du sang dans ses veines et qu’elle puisse ainsi profiter de son retour à la vie et réaliser son rêve : avoir un homme qui la rassure, un homme à elle qui l’attende tous les soirs et la recouvre de son impatience.
Rien ne se passa comme elle l’avait souhaité. Comme il fallait s’y attendre, il vint un jour où elle ne put faire le chemin qui la séparait de l’église et vint le jour où elle ne put sortir de sa couche où elle se recouvrit d’un monceau de drap de couverture et de couvre-lit au crochet.
Si la mort a quelque utilité que ce soit, ne serait-ce pour un renouvellement certain du genre humain, ou pour que chaque printemps réapparaisse dans sa verdeur, souhaitons que ce rythme jamais ne s’arrête, car nous serions alors condamnés à vivre plus que de raison.
Par bonheur, elle en mourut.
Par contre, si les rêves archivent des pans essentiels de nos vies, que devrait être la vie au regard de nos rêves ?
Dieu est encore trop petit pour peser sur le monde
André Ricros
Novembre 2014
ouahh..pas simple aujourd’hui !!
une belle histoire , le fils des fils et sa vielle mère,universelle (?), à jamais unis,dans un rêve incestueux ! femmes, attention quand même à ne pas trop alourdir notre rayon archives, et vivons. Encore?
Marie.