La pintonèta

Prononcez : « la pientounèt(a) », ce qui veut dire : « la toute petite pinte », désignant par extension et euphémisme un récipient suffisamment grand pour boire un bon coup… Le morceau qui porte ce titre est interprété par Laurent Richard au chant et à l’accordéon. Il est originaire du Boissial de Berbezit dans le pays de La Chaise-Dieu et a été enregistré à Reilhac, près de Langeac en Haute-Loire, par Yves Becouze et Christine Demonteix en 1992. Une petite chanson qui ne paye pas de mine à première vue, avec une mélodie simple et des paroles dont la philosophie n’est plus à …

On prend les mêmes et on recommence ! (Combrailles au diatonique 3)

L’image des musiques traditionnelles en France, et plus particulièrement en Auvergne, est composée de certains clichés qui ont la peau très dure. Par exemple, je cite : « Oui, mais la musique trad’ c’est pas très varié, c’est répétitif, quand même? ». Et bien c’est vrai (dans une certaine mesure) ! Mais cela mérite quelques explications… Frédéric Paris est venu déposé à l’AMTA, il y a quelques temps déjà, une bande magnétique contenant l’enregistrement d’une veillée à Servant dans les Combrailles, entre 1975 et 1980, où trois hommes jouent de l’accordéon diatonique : Germain Bideau, René Lesme et un inconnu. À l’oreille il n’est …

Rossignolet bu bois

La chanson dit : « Le printemps est venu, j’entends les alouettes… » Dans la chanson de transmission orale (c’est-à-dire qu’on entend et qu’on redit), quoi de plus naturel de parler des oiseaux? D’autant plus si l’oiseau en question est reconnu dans l’imaginaire populaire comme un bon chanteur ! Le rossignol, qu’on entend la nuit et qu’on voit peu, et dont le chant surprend celui qui l’écoute, cristallise suffisamment de mystère pour tenir le premier rôle, même si l’alouette n’est pas loin. On lui met tout sur le dos : il doit supporter les peines des humains, traduire leur langage, leur apprendre à …

Les scottishes d’Albert Pralong

Joueur d’accordéon diatonique et chromatique de Chalencon en Haute-Loire, Albert Pralong a été enregistré en août 1973 par Jean-François Dutertre, Jean-Loup Baly et Emmanuel Lazinier, en cachette de sa femme qui n’appréciait guère que son mari joue de l’accordéon. Dans son répertoire fait d’airs de danse de bal, une part belle est faite aux scottishes, dont l’interprétation a attiré notre attention. En fait, son véritable instrument est l’accordéon chromatique sur lequel il développe un jeu souple et rythmique à la fois, mais il avait débuté sur un diatonique. Les collecteurs lui en ont prêté un pour l’enquête, et on reconnaît …

De la bourrée qui ne se danse pas…

Toutes les bourrées ne sont pas nécessairement jouées ou chantées pour la danse. En témoignent les deux extraits qui suivent et qui ne sont qu’un aperçu d’un répertoire assez vaste et méconnu : la chanson sur un rythme de bourrée. Pour y voir clair, trier les éléments de nos connaissances, nous avons souvent besoin de catégoriser, de classer, de mettre un mot, une notion sur des faits. Mais les faits dépassent souvent nos cadres étroits. Par habitude, nous opposons la chanson narrative en rythme libre à la musique à danser, contrainte par les pas de danse. Mais les choses ne sont …

La bourrée à un temps (l’harmonica en Auvergne 3)

Non, il ne s’agit pas d’un nouveau genre de bourrée (après la « deux temps » et la « trois temps ») que nous propose à l’accordéon et à l’harmonica Louis Crégut, enregistré à Champeix en juillet 1989 par Anne Garzuel et José Dubreuil, mais du répertoire classique puisé parmi les éternels tubes de la musique auvergnate. Deux morceaux, « La moralhada » et « Les garçons de la montagne » (« De que veniatz cherchar » en occitan), déjà mille fois entendus… Mais comme disait un jazzman dont j’ai égaré le nom : « l’important n’est pas ce que l’on joue, c’est comment on le joue ». Voici donc nos deux …

Les mazurkas d’Alfred Mouret

Alfred Mouret est un merveilleux violoneux, découvert du côté de Saint-Donat (Puy-de-Dôme) par Olivier Durif en 1976. C’est une belle histoire que cette rencontre : le vieil homme n’avait plus touché un violon depuis longtemps, et lorsqu’ Olivier Durif lui en ramène un et lui laisse quelques semaines, notre musicien retrouve ses doigts et son aisance. Et au fil des nombreuses rencontres, Alfred Mouret livrera tout ce dont il se souvient, et en particulier le répertoire de son père. En effet, en digne fils de François Mouret (dit « L’Anglars », éminent violoneux), Alfred fait entendre de très belles mélodies, des versions …

Des tranches de saucissons…

Nous vous proposons pour cette année 2015, non pas une mélodie à la fois, mais plusieurs que nous allons comparer, associer, déconstruire, afin de mieux saisir ensemble de quoi sont constituées les musiques traditionnelles du Massif central. Nous commençons donc l’année sous le signe du départ : nous allons partir à la rencontre de ces musiques, destination inconnue, mais toujours à partir d’un point bien repéré. Puisque, comme on dit chez nous, « dans le cochon tout est bon », alors pas de demi-mesure, voici quelques tranches de saucissons. Un « saucisson », dans le langage populaire du musicien est un morceau « standard », très connu, …

Mazurka glissée

Cette mazurka est interprétée par Léon Mazière, violoneux de Terret (Blesle, 43), enregistré par Emmanuel Lazinier, Jean-François Dutertre et Jean-Loup Baly, en août 1973. Léon Mazière était un violoneux très prolixe, et particulièrement attaché à la cadence et à l’efficacité de ses morceaux. Il avait deux particularités, l’une véritable et l’autre légendaire. La véritable, c’est nous qui l’affirmons : pour chacun de ses morceaux, ou presque, Léon Mazière avait des paroles et connaissait une version chantée, parfois très différente de l’instrumentale. La légendaire, c’est le violoneux lui-même qui l’évoque : il aurait fait danser un chien ! En effet, la cadence est …

La caille et la délaissée

Ces deux chansons sont interprétées par Eugénie Delterme , enregistrée à Polminhac dans le cantal à la fin des années 1970 par André Ricros et Eric Montbel, lors d’une enquête concernant Antoine Bouscatel, le cabrettaire. Cette chanteuse est en effet sa nièce et en semble très fière ! Elle affirme que Bouscatel lui-même jouait à la cabrette ces chansons, car elle les tenait de sa grande tante (la mère de Bouscatel) avec qui elle a vécu et qui chantait tout le temps. Elle disait : « ieu cantarai jusca que ieu crevarai » (je chanterai jusqu’à ce que je meure). Ecoutons « la délaissée » : Cette chanson …