Belle rose

Ce « standard » des airs de marche dans le répertoire du Massif central est interprété par Paul Dexpert à l’accordéon chromatique, enregistré par José Dubreuil le 31 janvier 1989 à Mauriac.

ENQ0042_06 (belle rose)

L’écoute des « standard » est particulièrement intéressante pour déceler les petits trucs des musiciens, les éléments de styles, les particularités, curiosités, émotions, et tout ce qui fait la musique. Ici, en apparence, rien de spécial, si ce n’est un morceau très connu qui traîne dans nos mémoires ! Pourtant, je ne voulais pas commencer l’année 2013 sans partager les petites choses qui m’ont chatouillé les oreilles à l’écoute de cette version.

L’accompagnement est réduit à sa plus simple expression : un bourdon rythmique, soutenant de façon dynamique l’ensemble du morceau. Allons donc voir du côté de la mélodie, car c’est là que ça se passe :

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On notera le soin du musicien à pétrir sa mélodie : les ornements placés de façon fine donnent à la ligne mélodique du rebond et de l’épaisseur, de la même façon les liaisons et les articulations (notes pointées). Rien d’extraordinaire, mais juste ce qu’il faut : Paul Dexpert est maître en assaisonnement musical! Du point de vue de la dynamique, l’alternance binaire (croches) et ternaire (triolet) entre les deux parties permet de ne pas s’installer dans un rythme mécanique. Cette variante continue de la découpe rythmique est un élément stylistique important de la musique de nos territoires. Cela permet d’éviter la « lourdeur » que l’on entend régulièrement sur les rythmes de marche.

Mais Paul Dexpert va plus loin, il varie de façon instinctive le nombre de temps dans la mesure, en rallongeant la note finale des phrases musicales. Cet appui très marqué sert de relance, mais également de « temporisateur » : on fait attendre le retour de la mélodie. Allez! un petit temps de plus, et hop! les danseurs se retrouvent à contretemps pendant une phrase, histoire de varier le « swing » de l’ensemble.

Paul Dexpert, par son jeu, nous prouve encore cet adage qui fait du bien aux musiques traditionnelles, et que l’on tiendra comme une résolution pour l’année à venir et toutes celles qui suivront : l’important n’est pas ce que l’on joue, mais comment on le joue!

Je souhaite à tous une très bonne année musicale!

Eric Desgrugillers

 

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