Cantalou d’origine, à 26ans, Jacques Puech a choisi de vivre de la musique. Cabrettaïre, clarinettiste et chanteur, il fait partie de cinq formations musicales* mais n’hésite pas, pour le plaisir, à échanger musicalement avec tous les musiciens qu’il rencontre et avec qui il se sent bien. Plutôt discret, nous avons souhaité lui poser quelques questions et publier les réponses illustrées par quelques extraits sonores, car son talent mérite d’être connu.
Pourquoi joues-tu de la cabrette ?
Ça c’est la bonne question ! La question que je me pose régulièrement c’est « pourquoi j’ai voulu jouer de la cabrette »…Je suis rentré à l’école de musique d’Aurillac vers l’âge de 5/7 ans et il a fallu que je choisisse un instrument. Mes hésitations concernaient l’alto, le saxophone ou la cabrette ! Je pense que j’ai eu quelques pressions familiales, notamment du côté de mes grands-parents : entre ma grand-mère qui dansait beaucoup et mon grand-père qui voulait jouer de la cabrette quand il était petit et qui d’ailleurs m’a acheté ma première cabrette. Honnêtement je pense qu’au début c’était un peu par défaut. J’ai persévéré et maintenant je suis ravi de pratiquer cet instrument.
J’ai appris cet instrument auprès de Michel Fay durant 10 ans, plus tard j’ai suivi des stages avec Yves Cassan, Didier Pauvertou encore Michel Esbelin.
Et des anciens, en as-tu connu ?
Je n’ai pas connu d’anciens, cependant j’écoute des collectages. Durant une période, je m’y suis particulièrement intéressé (non seulement des collectages de cabrette mais aussi de violon, d’accordéon…) pour m’imprégner des divers styles, comprendre les subtilités techniques et trouver des éléments de répertoire. Aujourd’hui, je les écoute pour l’analyse mais aussi pour le plaisir : j’apprécie Bouscatel, Allard, Bergheaud, mais mes goûts m’amènent vers un jeu plus sauvage tel que celui de Vermerie quime touche vraiment.
Comment envisages-tu l’avenir de la cabrette ?
Depuis peu je le vois assez souriant ! J’ai l’impression que la pratique se renouvelle, qu’on s’éloigne d’une sorte de déification des anciens. Des musiciens sont entrain d’apporter des choses nouvelles et ça fait du bien ! Je pense aussi que la cabrette était très cloisonnée dans son milieu entre les chansons régionalistes et les groupes folkloriques où elle était hissée tel un étendard représentant l’Auvergne. Maintenant on est plus sur l’idée que la cabrette est un instrument de musique, on reparle de musique ! J’ai récemment encadré un stage de cabrette avec Sandrine Lagreulet. Les stagiaires nous ont fait remarqué que c’était la première fois que l’on abordait l’apprentissage de cet instrument par l’aspect musical et non par l’aspect technique.
Par ailleurs, cet instrument peut envisager d’autres horizons que les musiques traditionnelles, par exemple dans les domaines des musiques expérimentales et des musiques minimalistes que je commence à approcher (trio avec Yann Gourdon et Basile Brémaud, sortie bientôt d’un vinyle). Nous avons le sentiment que la cabrette y a réellement sa place du fait de sa richesse harmonique.
Toutes les connaissances et les références qu’on a en cabrette sont un important support à faire fructifier, à dépasser. C’est André Ricros qui raconte, à raison, que lorsque tu marches et que tu as un sac devant et un sac derrière, si le sac de derrière est plus lourd que celui de devant : tu tombes ! En cabrette, il nous faut charger un peu plus le sac de devant pour continuer à avancer.
Tu chantes aussi, comment et quand as-tu commencé ?
Aux dires de mes parents qui d’ailleurs en avaient une tête comme une pastèque, je chantais tout le temps depuis mon plus jeune âge ! En fait, je considère que je m’y suis mis « sérieusement » depuis 2 ans. Toutes les semaines avec Eric Desgrugillers, avec qui je me rendais en voiture à Limoges pour préparer notre DEM en musiques trad., nous avons mis à profit les trajets pour travailler le chant (lui en tant qu’enseignant et moi en tant qu’élève). Pour autant, je n’ai pas rendu public ces acquis immédiatement. C’est lorsque nous avons monté le duo avec Yann Gourdon qu’il m’a convaincu de le faire. Et, à force de chanter, on devient chanteur…maintenant j’ose !
Comment fait-on le choix de devenir musicien professionnel ?
Je suis infirmier de profession et plus ça allait, plus j’allais au travail à reculons. La question de mon centre d’intérêt principal s’est donc posée : qu’est ce que j’aimerais faire ? « De la musique » a été la réponse évidente. J’ai donc passé le DEM qui a eu l’intérêt non seulement de me sécuriser mais aussi de m’apporter de la matière en terme de culture générale et de nouvelles réflexions. Avec Françoise Etay, responsable de la formation, j’ai acquis des connaissances sur les musiques du monde et j’ai développé mes capacités d’analyses musicales.De nouveaux questionnements et de nouvelles perspectives se sont ouverts. La musique que je fais avec ma cabrette ou lorsque je chante est en lien avec les paysages, l’architecture, la langue qui m’entourent, une manière d’être, de penser les choses… La préparation au DE que je fais en ce moment avec Jean Blanchard creuse encore un petit peu plus ces questions culturelles.
Tout à l’heure tu t’émerveillais sur la beauté des paysages de cette région, vois-tu un rapport entre eux et la musique que tu fais ?
Quand je regarde ces paysages, j’entends la musique qui s’accorde avec. La puissance et la gravité qui y sont inscrites se retrouvent dans la musique. Cela semble à la fois très ancré, très terrien et léger comme « les bons danseurs de bourrée »!!!
Myspace personnel : www.myspace.com/jacquespuech
* Les Cinq formations musicales auxquelles participe Jacques :
- L’armoire bleue avec Clémence Cognet : violon ; Eric Desgrugillers : Voix, oud, banjo, saxophone et Jacques : Cabrette, voix, clarinettes. www.Myspace.com/larmoirebleue
- Duo PuechGourdon : Yann Gourdon : Vielle à roue ; Jacques Puech : Cabrette et voix. www.myspace.com/puechgourdon
- Somia Festas : Jean-Louis Deygas : Chant, violon ; Benoit Selmane : vielle à roue ; Sébastien Rix : Accordéon Chromatique & Jacques Puech : clarinettes et cabrette. www.myspace.com/somiafestas
- Duo avec Sandrine Lagreulet : Cabrettes
- Sétanou : Jean-Noël Bezon : accordéon diatonique, Christine Demonteix : vielle à roue, Luc Roche : violon, Fabien Guiloineau : guitare & Jacques Puech : cabrette.
Là on voit que cette musique et ces chants sont en harmonie avec la nature; comme chanteur et musicien il fait autant de bien que comme infirmier!
Comme toi je joue de la cabrette et c’est bien dans la nature que j’aime le plus jouer et de préférence prés d’un ruisseau .J’habite
également dans le Cantal . Tu as un trés beau jeu et te souhaite une
longue carrière dans le monde fabuleux qu’est la musique .Cabrettaïrement Kriss
Très intéressant de retrouver ton « discours » et ta vision de la cabrette de manière synthétique et par écrit. J’aime vraiment bcp ce que tu dis, ce que tu fais et ce que tu es. Bonne continuation Jacques.
Salut Jacques.
J’ai hâte d’entendre ton duo de cabrettes avec Sandrine! Est-ce que vous êtes programmés bientôt dans la région?