Derrière une vitre perdue dans l’immensité de l’anonymat, tout au fond d’un paysage que l’on garde pour soi, un homme basculé dans sa chaise, après la fin de ce repas tardif, s’écoute en silence. La musique monte en lui comme des souvenirs de femmes qui peuplent les solitudes irréversibles. Petit à petit, la mélodie s’installe.
Des courbes se déroulent et, à l’égal d’une pâte souple, se font malaxer par groupes de notes mâchées et remâchées pour que l’humidité s’échappe et qu’il ne reste de ces mouvements de son que l’enclume sur laquelle notre homme a tapé. Ainsi se forme sa chanson en miroir de ses sentiments qu’il projette parmi les coups qu’il porte à la matière.
Par instants, il arrive que le marteau rebondisse en cloches lointaines pour qu’il savoure le plaisir de l’exactitude de ses désirs, derrière une vitre, perdu dans l’immensité de l’anonymat.