Cette bourrée est jouée par Claude Thivet, un accordéoniste de Mauriac enregistré par José Dubreuil en 1990.
Continuons notre exploration des « standards » avec cette bourrée très connue, interprétée ici dans un mode mineur. Nous ne savons pas si cette version a été transmise ainsi à l’accordéoniste ou si c’est une adaptation personnelle. Dans les deux cas, les spécificités de cette version restent les mêmes. Avant d’arriver sur le tempo et la dynamique de la danse, le musicien ménage un peu le suspense en proposant une introduction plus lente sur la première partie de la mélodie. L’accompagnement de cette introduction qui sert aussi de conclusion est à la fois harmonique et bourdonnant.
Il superpose deux notes, dont une qui ne varie pas (le do grave) et qui joue le rôle de bourdon, et l’autre qui effectue une petite variation chromatique (do, si, si bémol, si), introduisant des éléments harmoniques (écriture d’accords). Le mélange des deux crée une tension, ce qui est renforcé par la lenteur assumée de ce passage.
L’arrivée sur le tempo de la danse sonne alors comme une résolution promise. Pourtant, l’accompagnement continue de faire apparaître le chromatisme, mais en basse cette fois-ci. L’utilisation du même motif à des registres différents crée des changements d’ambiance conséquents. A tempo, le morceau est joué dans le style des accordéonistes chromatiques du milieu des Auvergnats de Paris, avec rebondi et légèreté : les basses sont un peu appuyées, certaines plus que d’autres, les accords sont piqués, et par dessus la mélodie est très liée et ornementée mais sans perdre de dynamique. On se trouve là dans une grande tradition du jeu d’accordéon.
L’originalité se trouve ici dans le mode choisi (do mineur naturel avec un sib, alors qu’on attendrait plus un do mineur harmonique avec un si bécarre) et dans le chromatisme de l’accompagnement. A part cela, la mélodie reste très identifiable et varie peu.
Voici d’autres versions du même morceau, afin de se donner une idée de la liberté de jeu des chanteurs et musiciens et des points communs entre ces différentes versions :
que se veniatz cherchar pot pourri
dans l’ordre d’apparition : Hélène Deflisque de Cheylade au chant, Maurice Lescure de Mauriac à l’accordéon, Pierre Dunant de Vorey à l’accordéon, Marcel-Emile Gourbeyre du Mas de Bertignat au chant, MArguerite Tissier de Bredons au chant et Jean Baptiste Mallet des Hommades à la vielle.
Eric Desgrugillers
Génial votre site ! Une partoche, des explications et la main gauche ! Je m’initie à l’accordéon et je suis assez surpris par l’accompagnement moderne que vous proposé de ce thème . Fabuleux , j’essaye demain , sinon vue l’heure je fais réveiller toute la baraque ! Merci de la part d’Yves !!