Paroles du Mézenc

C’est en relation avec la mairie de Freycenet-la-Tour que nous avons présenté ce vendredi 03 novembre 2017, une étape de notre travail dans le Mézenc.

 » Là haut dans ce pays où la burle siffle entre les maisons, sonne comme une langue commune  parlée, partagée, bavardée par tous et toutes, l’équipe de l’Amta et celle du CdMDT43 (Centre Départemental des Musiques et Danses Traditionnelles de Haute-Loire) se sont immiscées dans le quotidien des villages. Dans le cadre d’un projet de valorisation du Patrimoine Culturel Immatériel porté par la Communauté de Communes Mézenc-Loire-Meygal, le Pays du Velay et le Conseil Départemental de la Haute-Loire, un film documentaire intitulé “Paroles du Mézenc” devrait voir le jour. Vendredi 03 Novembre, nous vous en présenterons une étape de travail, un aperçu de 30 minutes réalisées par l’Amta.

Au moment où tournoient les flocons de cette neige fondatrice du “vivre-ici”, observés depuis le carreau d’une cuisine accueillante, les langues se délient et l’on raconte les histoires de congères, d’entre-aide, de blizzard local et de robes de chambre;

A l’heure des tardives frondaisons l’on se remémore les heures passées à chasser les grenouilles au bord des étangs et resurgissent alors les explications des surnoms que l’on donne aux habitants de la commune;

Aux beaux jours on chante, on joue de l’harmonica, on piaille, tout en mettant en garde les enfants contre les possessions du Diable au moulin hanté de Perbet et en conservant précieusement ses pierres à venin, remède imparable contre tous les maux.

Puis à l’automne, à peine l’aurore arrivée, la foire aux chevaux de Fay-Sur-Lignon se déplie avec son cortège de warnings, de vapeurs soufflées par l’haleine chaude des bêtes, de tapes amicales et de bruissements divers, et l’on ne sait encore ce que cette journée dévoilera des secrets du Mézenc… »

R.Maurel

A José Roux

Un intellectuel de la cabrette a disparu en la personne de José Roux.

Fortement inscrit dans son temps, il fût tout au long de sa vie sensible à la nouveauté, tout en entretenant un rapport étroit avec son histoire. Naviguant entre oralité et écriture, il parcourra le sud du Massif Central à la tête de son orchestre au sein duquel il ne manqua pas de laisser une place importante à la cabrette. C’est par l’intermédiaire de son père qu’il découvre Jean-Marie Valadier, un des seigneurs des bals musette, réfugié à Figeac après une existence parisienne tumultueuse (voir ouvrage Bouscatel[1]).

André Vermerie, Louis Rispal et José Roux

Dans cette mouvance, Martin Cayla, toujours implanté dans la capitale le prendra sous son aile. Avec le temps la cabrette occupera une place privilégiée dans l’esprit de José Roux.
Il renforça sa passion et participant à de nombreux concours (De Paris à Aurillac), il parvint à décrocher les premières places. Sa carrière de musicien lui permit de remplir sa mémoire de milliers de souvenirs qu’il prenait plaisir à évoquer. Pour qu’il subsiste une trace de son parcours, il confia sa collection de cabrette au MuPop de Montluçon et il enregistra des disques pour fixer des répertoires qu’il jugeait devoir être préservé. Dans ces enregistrements, où la cabrette est à l’honneur, l’on peut aujourd’hui entendre son jeu d’une grande justesse où quelques ornements resteront sa signature stylistique, tels ceux qu’il employait sur le mi d’un pied de cabrette en do. Ayant été associé à la production de ses derniers disques, je peux affirmer que José Roux va nous manquer pour son amitié et le regard d’une grande lucidité qu’il portait sur le monde.

José que d’Antoine Bouscatel à aujourd’hui, tous les joueurs de cabrette te saluent.

André Ricros

[1] Ouvrage « Bouscatel », Le Roman d’un Cabretaire