L’Auvergne imaginée s’adresse au jeune public et aux familles à la Coopérative de Mai mercredi 27 janvier à 18H30
Il fallait bien, un jour, que la compagnie L’Auvergne imaginée se confronte au Diable. Le Diable est un personnage éminent qui rôde en Auvergne (au moins autant qu’ailleurs), depuis des temps immémoriaux, en tout cas depuis qu’il a fait son apparition sur les fresques et chapiteaux de nos belles églises romanes. Et ses représentations sont si multiples qu’il vaut d’ailleurs mieux parler DES Diables.
Plus encore que le Loup, il est la figure de l’effroi. Il représente l’interdit, le monstrueux, le transgressif. Il est dans le rire et dans la folie, dans le mauvais, dans toutes les tentations. Mais la sagesse des contes populaires aime aussi, parfois, s’en moquer pour mieux le conjurer. Ce n’est pas toujours le Diable qui gagne. Il doit alors faire profil bas devant la malice paysanne ou se cacher pour éviter le ridicule. Ça rassure, au moins pour un temps.
Il n’empêche que le Diable est toujours présent dans notre imaginaire. Il a peut-être pris d’autres formes. Il s’est adapté à la vie moderne. Il est descendu des chapiteaux romans que plus personne ne regarde, si ce n’est les touristes amusés. Il se niche ailleurs mais il est bel et bien là !
André Ricros en parle ainsi :
« S’il est aussi difficile d’extraire un homme du terreau où il a semé ses rêves que de déterrer un arbre, qu’en sera-t-il du diable le jour où il prendra racine dans nos vies ? Et si le pays d’un homme est celui où il a planté son enfance, où faudrait-il expédier ce fameux diable pour le renvoyer dans l’espace de ses origines ?
Avant de le voir, je craignais quelque chose que je ne parvenais pas à identifier. En fait, j’avais peur de sa multitude de représentations, lui, protéiforme, là, dans nos quotidiens. Les vieux l’avaient si bien raconté aux veillées que même les jeunes, bien plus tard, avec cette terrible mémoire qu’ils avaient, répétaient leurs histoires.
La seule chose qu’ils avaient omis, c’est que le diable s’adapte, change, évolue et que celui d’hier n’est plus celui de demain.
Toutes ces représentations, toutes ces images envahissant nos mémoires et nos imaginations avaient muté sans qu’on le sache. Et alors que nous restions accrochés à nos peurs fondamentales, lui s’était déjà glissé dans nos esprits et creusait en silence la destruction de nos consciences. Le diable, au-delà d’être un invraisemblable vestige d’âge révolu et de magie énorme, était un monstre palpable qui avait pour projet de nous engloutir vivants. »
Les quatre musiciens-raconteurs et directeurs artistiques de l’Auvergne Imaginée, André Ricros, Clément Gibert, Christian Rollet et Romain « Wilton » Maurel sont allés dénicher ces diables qui se cachent un peu partout autour de nous et en ont fait un spectacle théâtral et musical, mis en scène par Jean-Luc Guitton, en lumières par François Blondel et sonorisé par Léo Pétoin, d’après le répertoire traditionnel d’Auvergne (archives sonores et recueils).
Ce spectacle sera donné dans le cadre de la programmation jeune public « P’tit Serge » de la Coopérative de Mai, mercredi 27 janvier, à 18h30. Le tarif d’entrée est unique : 5€. Ca ne vaut pas le coup de s’en priver !
www.auvergneimaginee.com/spectacle/dernieres-nouvelles-des-diables
Nicolas Mayrand