Cet air pourtant connu et pour le moins étrange est joué à l’harmonica diatonique par Guy Crumeyrolle, enregistré à Moussages par José Dubreuil le 12 janvier 1990.
Il s’agit d’un air à danser à mi-chemin entre la marche et la polka, suivant une structure particulière. Il présente trois parties (A, B et C) dont une variée jouée en ternaire au démarrage du morceau (A), puis en binaire par la suite (A’). Ces trois parties s’enchaînent de la façon suivante : la première est toujours la même (A ou A’), la seconde varie de l’un à l’autre motif (B ou C), soit : A B / A’ C / A’ C / A’ B / A’ C. Mais, à y regarder de plus près, la chose est encore plus complexe.
Car l’instrumentiste reprend ou non les parties, à sa guise. Aussi, le morceau, simple en apparence, change tout le temps. La mélodie n’est pas improvisée, mais la musique oui. Quelques variations d’interprétation sont introduites : les notes sont parfois piquées ou allongées. Celles qui sont ornementées commencent les motifs mélodiques, et servent également de relances. A la fin des premières parties, afin de reprendre sa respiration et d’accentuer la relance, l’harmoniciste rajoute parfois un temps de plus dans la mesure, juste avant de changer de partie. Sur la dernière tourne, le musicien dédouble le rythme en rajoutant des coups de langue comme pour marquer chaque croche.
Tous ces éléments n’existent pas dans le morceau en lui-même. Ils correspondent à un choix à la fois assumé et spontané du musicien, qui semble avoir un avis, un point de vue précis sur son morceau et le sens qu’il a pour lui. Alors, que ce soit en hiver ou en été, prônons vaillamment cette liberté musicale, nécessaire à l’expression de ce que nous sommes!
Eric Desgrugillers
Pour aller plus loin :
- pour écouter de l’harmonica en Massif central : c’est par là
- Pour une autre mélodie de la semaine avec le même musicien : c’est là
La classe.