Quel parcours que celui de cet enfant né en 1934 à Auzon en Haute-Loire !
Ce gamin brillant fit merveille dans le cadre de l’école de la République, ce qui lui permis d’intégrer une école d’ingénieur en BTP dont il fera son métier au sein d’une entreprise qu’il reprendra et maintiendra implantée à Clermont-Ferrand. Il se mariera avec Huguette, la fille du boulanger d’Auzon et aura deux enfants.
Dès qu’il pourra, il construira une maison sur les hauteurs des côteaux de Chanturgue, où, le soir venu, lorsque la ville s’éclaire, ces habitants et invités avaient la sensation de survoler la capitale Auvergnate.
Le goût pour la musique devait être en lui depuis toujours, mis sous couvercle de sa vie professionnelle. Petit à petit cette envie remonte à la surface et c’est vers les musiques traditionnelles qu’il se tournera, et tout spécialement vers une des cornemuses d’Auvergne : la cabrette.
C’est ainsi que tout doucement son goût pour la pêche subit une concurrence qui finit par l’emporter. Son apprentissage musical ce fit un peu tard mais, chose extraordinaire, il parvint à une maîtrise que très peu de débutant tardif eurent le plaisir d’atteindre. Pour obtenir ce résultat, il y mit de la méthode, de l’analyse, beaucoup d’écoute et énormément de persévérance. Il avait un vrai talent et une relation fusionnelle avec cet instrument.
Dès qu’il fût en mesure de jouer en public, et compte tenu de ces exigences, il s’intéressa à la facture de cette cornemuse. Par bonheur, dès 1978, au sous-sol du bar « Le Carnot », venait de s’installer un des derniers fabricants de cabrette ayant connu ceux nés durant la deuxième partie du 19ème siècle : Joseph Ruols.
Comme ce dernier l’a toujours fait, Joseph lui a transmis tout son savoir-faire, alors que sa femme Jeannette mettait de l’huile dans les rouages pour que la relation soit la plus fluide possible.
C’est encore avec Joseph Ruols qu’ils achetèrent deux tours semblables et l’aventure commence pour Guy et ainsi réalisa ses premiers instruments.
Son talent d’ingénieur trouvait un nouvel espace de créativité car il fit tous les relevés possibles et tous les calculs nécessaires pour améliorer la justesse de l’instrument. Il ancha ces instruments, fit quasiment toutes les tonalités, et pour clore le cercle de cette connaissance qu’il dévorait à pleines dents, il fit sac et soufflet pour avoir la certitude d’avoir réaliser la totalité de l’instrument qu’il jouait.
En parallèle, il s’essaya aussi à l’accordéon mais la cabrette fut, sans conteste, son instrument de prédilection.
Il participa à de nombreux stages avec l’AVECARM, joua dans des bals sur l’Aubrac au côté de Joseph Ruols et rassembla nombre de ses amis dans de fréquentes soirées pour échanger et jouer y compris des mélodies qu’il avait composées comme « La Valse de Chanturgue ».
Aujourd’hui, en ce mois de novembre 2024, passé 90 ans, Guy Mège nous a quitté, mais il nous laisse le souvenir d’un homme élégant aux allures de Brassens, toujours disponibles pour parler cabrette. Après avoir vécu une première vie comme ingénieur, il en inventa une autre où son esprit s’appliqua merveilleusement bien à la facture instrumentale et au jeu de cette cornemuse.
Guy Mège, nous te saluons pour ce que tu as apporté au monde des musiques traditionnelles de ta région, et saches que nous écouterons ta musique pour ne pas oublier l’être précieux que tu fût.
André Ricros