Le geste était précis, fin, net
Doux on aurait dit
Couteau glissant sur le vent
Fiché entre la pomme et sa peau
Dépeçage en respect sans souffrance
Une mise à nu
C’était cela tes yeux
C’était cela tes mots
Une mise à nu permanente
Tu pelais la peau de nos certitudes
Comme si tu en savais un peu plus long, un peu plus loin, un peu plus haut
Un sourire un peu rustre avec du feu dedans
Qui réchauffe ce qu’il faut
On se sentait petit, et si bien, à côté de toi
J’ai passé des heures à peler les légumes en face de toi
A regarder danser ton couteau
A écouter ta tendresse et tes coups de gueule
Des mots de lames et de caresses
Des mots qui vous rentrent dedans et qui font du bien
Une générosité qui fait bouger des lignes et qui vous retourne
Ta poignée de main ne peut pas s’oublier
Ton courage non plus
Ta beauté – tout simplement
Et la musique
Ta musique
Celle qui se fredonnait à l’intérieur de toi
Et que j’aimais entendre, tant entendre
Comment faire sans ?
Si tu t’en vas tout part
Orphelins définitifs de ta présence
Les lieux tant aimés seront vides
J’ai le Gamounet qui pleure – pas les murs
Mais ce lieu à l’intérieur dont tu es porteur
C’est la maison qui s’effondre
Il faut rester debout
Mais ça, c’est toi qui nous l’as appris
Eric Desgrugillers
Que de beaux mots au cœur ! Merci Eric
Très beau texte , merci Eric pour cette belle poésie dédiée à René