Bourrée d’Aumont

Cette bourrée est jouée par Etienne Civiale, accordéoniste de Salilhes, hameau à proximité de Vic-sur-Cère dans le Cantal. Il a été enregistré par Jean-Claude Rocher le 04/07/1988.

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Au premier abord, il s’agit d’une bourrée jouée dans le style consacré, très connue dans le milieu des Auvergnats de Paris, dans une version bien cadencée. On remarque, d’ailleurs, que le joueur respecte les codes entendus avec, notamment, un appel pour attaquer le morceau et une courte formulette pour en indiquer la fin. La main droite est chargée de la ligne mélodique et la gauche de l’accompagnement. Mais prenons le soin de regarder d’un peu plus près la façon de jouer d’Etienne Civiale :

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L’accompagnement est très simple, alternant deux accords (La majeur et Mi majeur) avec la découpe habituelle, c’est-à-dire une basse appuyée (-) et deux accords piqués (.). Mais on s’aperçoit que cette alternance est très irrégulière, et que l’accord de La majeur n’intervient que deux fois dans la première partie (à l’attaque et à la conclusion), et une seule fois dans la deuxième (à la conclusion seulement), contre 6 et 7 fois pour l’accord de Mi majeur. L’effet rendu est l’impression d’un bourdon rythmique, avec une tension due au fait qu’il s’agit de l’accord de dominante (Mi majeur) et non de l’accord tonique définissant la tonalité (La majeur). Le rôle de cet accompagnement n’est donc pas harmonique, mais rythmique et bourdonnant, ce qui donne beaucoup de force à la mélodie.

Celle-ci connaît peu de variation, outre quelques notes et des changements de registre (aigu et grave), mais le musicien joue avec l’articulation, détachant ou liant un motif mélodique qui se répète (voir mesures 4 et 5 , puis 7 et 8). Il ponctue également chaque phrase mélodique par un accord dont la note la plus aiguë est celle de la mélodie. Cet accord est accentué et appuyé, servant alors de relance mélodique. Lorsque la phrase mélodique se termine en suspension, l’accord est dissonant (mesures 10 et 14). On retrouve une dissonance plus discrète mais bien voulue dans la deuxième partie, à la conclusion du premier motif (mesures 20, 24, 28 et 32). En fait, le musicien attaque la touche suivante sur son clavier en maintenant appuyée la touche précédente. Il s’agit d’une technique de jeu répandue, utilisée ici avec parcimonie et finesse. Cela ouvre de multiples possibilités d’arrangements faisant intervenir plusieurs voix, sans tomber sur les chemins battus de l’harmonisation.

Etienne Civiale

Eric Desgrugillers

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