Cette complainte est chantée par Jean Gimbert, enregistré par Yves Becouze et Cyril Roche le 14/01/1993 à Roiron de Rosières en Haute-Loire.
La voix de ce chanteur suscite immédiatement l’écoute, on est retenu par son timbre et interpelé par son phrasé très souple. La qualité musicale de son interprétation aide l’auditeur à se concentrer sur l’histoire : ce que le texte raconte prend alors une dimension plus grande.
La mélodie se déroule au rythme de l’histoire, comme si le chanteur nous racontait les dernières nouvelles, mais en voulant nous toucher, faisant en sorte que la chanson nous parle. D’ailleurs, cette chanson porte en elle des éléments de l’imaginaire collectif du Massif Central, propre à réveiller quelque chose dans la mémoire de l’auditeur, à commencer par la mélodie : on peut avoir l’impression de l’avoir déjà entendue. Beaucoup de chansons utilisent des motifs mélodiques très proches ou identiques : ainsi on ne fait pas d’efforts pour recevoir cette mélodie.
De la même façon, les paroles font intervenir des clichés, des situations que l’on retrouve ailleurs, dans d’autres chansons. Quel est l’intérêt de ces emprunts ?
Il semblerait que ce soit le propre de la chanson traditionnelle de faire appel à des éléments ancrés dans les mémoires, de façon inconsciente et spontanée. Fort de sa culture, le chanteur peut laisser se dérouler tout seul le fil de la chanson, il n’a plus qu’à y rajouter son émotion et ses particularités. A travers ce qui est partagé par tous, les spécificités du chanteur ressortent.
Ainsi, la chanson peut s’ancrer sur un territoire en faisant entendre quelques mots du parler local, et porter plus facilement l’expression personnelle d’un individu.
Eric Desgrugillers
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