Y viendrez-vous
Dominique Forges avec BandaBéro
Peux-tu, à l’occasion de la sortie de ce nouvel album, présenter ton parcours ?
Tout a débuté en 1978 quand j’ai écouté pour la première fois la Chavannée qui donnait un spectacle à Lurcy-Lévis. Je me souviens très bien de cet instant magique des notes timbrées du pinet (flûtiau en roseau) joué par Frédéric Paris. Je suis resté dans la Chavannée près de 9 années. Puis ma route s’est poursuivie avec les groupes Achille, le duo Millien, des créations comme « les talents d’Achille » ou « les belles Nivernaises », et plus récemment « Le Conciliabule des temps » avec Pablo Cuecco, « Babylone sur Loire » avec Fawzy Al Aiedy, et bien d’autres aventures musicales. Dans ce temps, je suis passé de forestier à animateur musical, de chargé de mission « musiques et danses traditionnelles » à professeur au Conservatoire de Nevers (1992) où j’assure aujourd’hui la direction du Département Musique Traditionnelle. En 96, j’ai créé l’Ensemble de Musique Traditionnelle de Nevers (avec l’AMTCN*) avec lequel nous avons réalisé trois albums.
Actuellement, je poursuis mes activités au sein du Conservatoire mais je suis également engagé dans un projet avec le conteur et écrivain Patrick Fishmann. Une grande partie de mon temps est consacrée à la composition : que ce soit pour les créations (« Laissez-vous dire » réalisée en mai avec l’Orchestre d’Harmonie de la ville de Nevers) mais aussi pour BandaBéro et Lâchez les chiens (musique traditionnelle de rue), les deux formations principales de ma compagnie nouvellement créée (Compagnie Bérot).
Bref ça musique quoi !
Peux-tu présenter BandaBéro ?
Si la composition et l’arrangement du répertoire restent une passion donc du vrai plaisir, c’est la gestion des musiciens qui pose souvent problème dans la vie d’un groupe. Je vois cela depuis plus de 30 ans que je pratique et gérer de gros effectifs devient pesant. Cette formation s’est constituée avec le temps, et tout en partageant les concerts et bals de l’EMTN, elle me permet de travailler le son sur la durée, d’expérimenter les arrangements, de laisser le temps à l’imprégnation et choisir les couleurs et harmonies en fonction de chacun. J’apprécie dans le groupe la complicité et la liberté de jeu avec ceux qui sont « tombés dedans » étant petits comme Freddy, Alice et Édouard, et ceux qui apportent leurs diversités et expériences multiples (et la rigueur du bon lecteur !) comme Sophie, Annie, Audrey et Olivier. Le mélange de musiciens professionnels (Freddy, Sophie et Audrey) et « amateurs » est aussi une configuration qui me plaît bien. C’est aussi un luxe (et très pratique j’avoue !) de jouer en famille. Alice et Edouard (2ème au Concours d’Ars cette année!) rejoignent BandaBéro à partir de septembre.
BandaBéro : Sophie Amelot (accordéon chromatique et voix), Freddy Baudimant (violon), Audrey Marion (violoncelle et voix), Édouard Chéramy (cornemuses 16p et 20p), Annie Forges (voix et cornemuse 16p), Alice Forges (vielle), Olivier Marion (saxophones et cornemuse 20p).
Comment as-tu travaillé à la conception de ce nouvel album ?
Il y a longtemps que je voulais réaliser un album de musique à danser. J’ai délaissé pendant quelques années la pratique du bal au profit du concert et des créations avec l’Ensemble Musique traditionnelle de Nevers. Cet album était l’occasion de retrouver ce bonheur unique d’animer le bal et de m’y replonger sérieusement. Avec BandaBéro, j’avais là toutes les palettes harmoniques pour traduire sur CD les différentes chansons et mélodies que j’avais envie d’y mettre. La difficulté a été de traduire en CD ce que l’on aimerait donner en bal, c’est comme jouer de la musique à danser dans une salle de concert où les gens sont installés dans de confortables fauteuils. Cela n’a pas de sens. L’idéal, je sais, aurait été de l’enregistrer en « live », ce sera j’espère pour le prochain ( ?). J’espère aussi que cet album donnera envie de danser en l’écoutant ou mieux que l’on dansera en l’écoutant.
Comment définirais-tu ta musique ?
C’est difficile à répondre. Je pense que c’est une musique bien ancrée dans les paysages du Nivernais et du centre de la France mais aussi dans ceux des musiques traditionnelles actuelles. Dans ce que j’écris je ne renie pas mes « classes » auprès de Frédéric Paris et son influence musicale. C’est la musique que j’aime, dans laquelle je me reconnais. Je n’ai pas envie de faire autre chose. Nous sommes tous empreints de nos racines culturelles et musicales comme de nos rencontres. Je vis en Nièvre, au bord de Loire, mais je suis enfant du Berry, du pays de G.Sand, j’espère que ma musique traduit tout cela avec l’espoir d’émouvoir, de réjouir… et de faire danser.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Cela dépend des projets bien sûr. J’ai longtemps puisé dans la collecte Millien mais aujourd’hui, après 20 années à côtoyer le « bonhomme », à analyser ce répertoire, et avec maintenant je crois une certaine imprégnation (saturation ?), je laisse aller l’idée en passant plus de temps sur la mélodie et la couleur modale, sur les possibilités harmoniques qu’elles peuvent suggérer. C’est à chaque fois l’espoir de créer un nouvel univers mais dans un même paysage. Pour les textes, c’est plus difficile et j’y passe énormément de temps. Il faut déjà l’idée d’une histoire puis la raconter en musique tout en restant dans le « style » d’écriture de la chanson traditionnelle. C’est excitant quand ça vient vite, mais bien souvent douloureux quand l’inspiration fait défaut. Et là, plus qu’en musique, je jette beaucoup.
Comment s’est passé l’enregistrement ?
Bien merci.
En fait, je crois que je suis un peu pénible avec l’âge donc de plus en plus exigeant, et l’enregistrement a duré plus d’un an pour laisser le temps de la ré-écoute et ré-écriture. J’ai la grande chance de travailler depuis quelques années avec Patrick Peignelin, qui est non seulement un technicien-son compétent mais aussi très patient. On apprend aussi au fur et à mesure des enregistrements. J’envie ceux qui peuvent enregistrer vite, je ne suis pas assez confiant et solide pour cela. Il me faut du temps et surtout j’ai besoin d’être rassuré. Nous avons enregistré à la maison ce qui confortable et moins stressant. Pour cet album, Daniel Langlois (cornemuses), Catherine Faure (voix) et François Garnier (guitare) nous ont rejoints.
Y a-t-il une tournée promotionnelle ?
Nous démarrons par quelques bals : lors du 3ème festival « Septembal » à Nevers ( 23/24 et 25 septembre) puis un bal à Cervon (58) le 1er octobre, puis une tournée en Angleterre du 26 au 31 octobre (Norwich, Somerset, St Albans, Bath,..) ensuite nous aurons pour 2012 une création « Tradàjazz » en mai avec une école de danse jazz, le festival à Cassel en juin et nous avons des propositions à confirmer, bref, nous prospectons. Il y a aussi toutes les activités avec l’AMTCN* en Nièvre et ailleurs de bals et concerts.
Avec Daniel nous allons animer un stage et assurer des parties bal au Québec en septembre ( « Chants de vielles » à Callixa-lavallée) ce qui va permettre, je l’espère, de diffuser ce CD outre atlantique !
Ce CD bénéficie de l’aide d’Auvergne-Diffusion** et je les en remercie chaleureusement.
- *Association Musiques Traditionnelles du Conservatoire de Nevers.
www.amtc-nevers.com
- * la Compagnie Bérot- 76 route de Trangy-58000-Saint-Éloi
03.86.37.17.76 ou 06.75.20.70.87
www.myspace.com/dominiqueforges
- ** Auvergne Diffusion 04 73 64 60 04 – www.auvergnediffusion.com
Bonjour,
Un copain vielleux de LILLE, vient de me faire découvrir « y viendrez vous » ! Je trouve ça super joli, et comme je fais partie d’un atelier de danses dans le midi, et je me dis qu’on pourrait chanter et danser vos mélodies. Est il possible d’avoir les paroles et les partitions ? Merci de ces jolis moments . Une bise du sud de la France
Brigitte