Violons dans la brume – Entretien avec Jac Lavergne

A tous les violons dans la brume

A ceux qui dansent sous la douche

Et glissent sur la savonnette en chantant

Voila bien une histoire qui donne envie de

Repeindre le monde avec les crayons

« Arc en ciel » de l’île aux crayons.

Depuis 14 Ans la compagnie Léon Larchet nous dévoile son univers, ses paysages, sa poésie. Aujourd’hui, elle se distingue en produisant un DVD-CD – «Violons dans la brume». Nous avons rencontré Jac Lavergne, directeur artistique, pour qu’il nous fasse découvrir cette nouvelle production qui sera inaugurée le mercredi 5 décembre au Caveau des Anges,  21 avenue des Paulines à Clermont-Ferrand à partir de 19h. (Présentation du DVD et de la soirée : https://amta.fr/2012/10/16/violons-dans-la-brume/)

Qui est Jac Lavergne et quelle est sa musique en quelques mots ?

Aujourd’hui, j’ai  51 ans et je joue de la musique depuis 49 ans. Mon père m’a acheté mon premier instrument pour Noël à l’âge de 2 ans. Depuis ce temps, en passant par la découverte des musiques traditionnelles puis la professionnalisation il y a 25 ans, j’ai appris auprès de personnes, d’artistes, de directeurs artistiques  à formaliser la poésie qui est en moi et qui me lie à ce  pays et aux gens qui l’habitent : l’Auvergne. Ces derniers me paraissent assez exotiques pour que je n’éprouve pas le désir de m’en éloigner. Je suis moi-même auvergnat, j’ai vécu dans le Cantal, dans le Puy-de-Dôme et actuellement dans le Bourbonnais même si ce dernier point de chute ne me correspond pas vraiment. C’est la première fois de ma vie que je m’éloigne des montagnes et je m’aperçois que c’est cet univers de moyenne montagne, ces paysages qui me stimulent et m’entraînent à la création.

Toutes ces années, j’ai formulé, grâce à l’outil qu’est la compagnie Léon Larchet, une forme originale de poésie. Aujourd’hui, c’est un mot que j’utilise, à l’instar du mot divertissement, quand je présente la compagnie. Le divertissement me permet de ne pas faire quelque chose de trop dramatique, ce mot m’autorise à parler de choses difficiles mais sous un aspect plus lumineux. J’ai envie de parler de tout mais de belle manière. Pour autant, je ne veux pas faire du divertissement de type « variété » sans fondement, non fouillé. Un de mes buts dans ma musique, dans mes créations est de transmettre. Je veux que les gens, en plus de passer un bon moment, aient une petite graine dans la tête qui va germer et porter je l’espère des fruits à l’avenir. Il me semble que cela fait une grande différence avec le divertissement de variété.

Pourquoi faire un DVD-CD ? Comment passe-t-on du support audio au support vidéo ? Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de faire ce DVD-CD ?

Pour bien comprendre, je suis obligé de revenir un peu en arrière, dans mon enfance. On m’a offert mon premier appareil photo pour mes 10 ans et dans les années qui ont suivi, je l’avais en permanence avec moi. J’étais un reporter 24h/24. Seulement, à cette époque là, on mettait des pellicules de 12 photos avec des petits flashes et tout cela coûtait relativement cher. De ce fait, on comptabilisait vraiment les photos. Un an après, j’ai fait le premier exposé de ma vie sur le cinéma. Je me suis donc intéressé très rapidement à l’image et au visuel. Pour l’anecdote, quand je suis né, mon père a offert à ma mère un cadeau : la télévision. Symboliquement, ce n’est pas rien… Mon parcours est indubitablement lié à l’image. J’ai même « vécu » dans un labo photo quand j’étais employé par les musiciens routiniers ! Plus récemment, depuis la création de la compagnie, j’ai accompagné tous ses travaux en image, avec au final, peu de délégation ce qui a conduit à un univers visuel cohérent au cours de ces 14 années, à une unité graphique.

Les 2 premières réalisations de la compagnie étaient produites par l’AMTA, le 3ème disque audio était une coproduction. Depuis, nous fonctionnons de manière interne, en autoproduction. Pour la 10ème année d’existence de la compagnie, après 9 disques audio, nous avions besoin d’un projet encore plus stimulant : un projet vidéo. Je m’étais pourtant bien dit que je ne mettrais jamais le doigt dans l’image en mouvement, que l’image fixe me suffisait. J’avais même, un temps arrêté la photo. Je m’y suis remis avec l’informatique car cela coûte moins cher maintenant. Dès que j’ai commencé à toucher à l’image en mouvement, j’ai été littéralement happé, à une vitesse folle. Le DVD «Violons dans la brume» est né de cela. L’idée a germé il y a 6 ans de faire de la vidéo. Au départ, il s’agissait de faire une série de clips, la compagnie réunissant avant tout des musiciens et tous les projets réalisés ayant comme point commun et pour centre la musique : c’est une compagnie de spectacles à musique. Petit à petit, le projet s’est complexifié, a pris plus de temps que prévu mais a surtout mûri. Ce qui s’est surtout bonifié au fil du temps, ce sont mes rencontres avec les gens,  avec mes partenaires. Cette découverte de leurs personnes a été un moteur essentiel du projet et a amené à modifier constamment le propos. J’ai une démarche plutôt singulière qui tient compte énormément des gens avec lesquels je travaille : je commence par le casting et le scénario en découle, ce n’est pas l’inverse. Je tire partie des gens et des situations.

Photo : Sandrine Lagreulet

Peut-on citer certaines de ces personnes ?

Tout d’abord, Pierre Fernandès, qui est quelqu’un avec qui je travaille depuis une vingtaine d’année, qui vient du théâtre et qui est aussi chanteur aujourd’hui. Nous avons des trajectoires un peu inverses : lui part du théâtre et va vers la musique et moi je viens de la musique et je suis allé sur les scènes de théâtre. Toujours est-il que nous avons un parcours commun long, varié et extrêmement riche. C’est certainement mon plus grand complice de poésie et de travail. Il me paraissait évident qu’il soit dans l’aventure.

Ensuite, je peux citer Sandrine Lagreulet avec qui je travaille depuis 3 ans. Elle fait partie de ces rares cabrettaires qui sortent des sentiers battus de la musique folklorique, de la musique du XIXème siècle, qui sont par ailleurs des pratiques artistiques honorables, mais qui me paraissent fermées. L’instrument emblématique de la culture qui m’intéresse le plus a besoin d’être montré sous un nouveau jour, sous des aspects « modernes ». Nous avons fait avec Sandrine un projet original de bal avec donc un duo cabrette/accordéon. Toujours dans ce sens, nous avions déjà fait avec la compagnie quelques morceaux avec Patricia Caumon sur des rythmes électro.  Mettre de la cabrette dans ce film plutôt grand public participe de la même démarche : il y a une scène où la cabrette est jouée dans un contexte très moderne, dans une boite de nuit clandestine et joue une musique terriblement actuelle.

Je souhaite relever aussi l’excellent travail fait avec Virginie Basset et Gabriel Lenoir. Virginie a travaillé une dizaine d’année au sein de la compagnie et était présente à la genèse de ce projet. Le travail qu’elle a engagé avec Gabriel Lenoir, danser en jouant, est hautement original, rare et dans ce cas merveilleusement exécuté. Il me semble intéressant de replacer ce travail extrêmement technique dans un film avec une histoire, ce qui amplifie sont aspect poétique.

Photo : Jac Lavergne

Il y a aussi dans ce film une « bande » de violons qui a été appelée. D’où vient cette idée, dans quel but est-ce ?

Tant la participation de Virginie et Gabriel que celle de la bande de violons appartenaient à l’idée première de réaliser une série de clips musicaux. Je l’ai ensuite incorporé à l’histoire et au film, ce qui n’était pas une mince affaire. Je trouve que l’ensemble de cordes est un point commun entre la musique savante et les musiques traditionnelles. C’est un ensemble qui sonne, qui est généreux. C’est un ensemble où l’équation 1+1=3 se vérifie très facilement car ce sont des instruments à résonance qui sonnent entre eux. C’est aussi l’instrument emblématique de l’Auvergne, pas l’Auvergne parisienne mais l’Auvergne régionale puisque le violon est autrement plus répandu que tous les autres instruments. En outre, c’est un instrument grand public et fédérateur.

Dans un film, il y a des scènes à ne pas manquer comme la scène d’amour ou la scène réunissant de nombreuses personnes. Cette dernière est tenue par cet ensemble de 9 violonistes.

Nous avons jusqu’à présent beaucoup parlé de la forme, peut-on parler maintenant du contenu.

Dans ma démarche, la forme est aussi importante que le fond. On ne fait pas le scénario puis le casting mais on part de personnes, de faits que l’on met en exergue. Ensuite, mon travail consiste à lier tous ces éléments afin de soutenir un propos cohérent. C’est donner un cadre poétique, incorporer du sens dans une technicité qui parfois le cache ou le gomme. Pour résumer, mon travail de directeur artistique est le suivant : partant de la forme et de l’existant, je rassemble, je lie pour que surgisse un vrai langage, au service d’une vraie histoire sous un aspect poétique.

L’histoire de «Violons dans la brume » est très simple. Elle est prétexte au jaillissement des musiques, des danses, des comportements humains. C’est l’histoire d’une jeune personne qui grandit, qui suit un parcours initiatique fait de rencontres, bonnes ou mauvaises – j’avoue que c’est un B-A BA, notamment dans l’univers du conte. Voila une jeune personne qui au contact d’autres gens, bénéfiques ou dans l’adversité, va grandir.

Il s’agit d’un DVD-CD. Alors qu’y a-t-il dans le CD ?

Au départ, il ne devait y avoir qu’un DVD mais en terme de format il aurait fallu qu’il dure au moins 50min pour correspondre aux critères de la distribution des produits audiovisuels. Le court-métrage que nous avons réalisé dure 35 min : il fallait donc compléter. Après de nombreuses réflexions, je me suis réveillé un matin en ayant l’idée d’y adjoindre un CD bonus réunissant des pièces non retenues pour le film. C’est un disque assez hétéroclite avec des morceaux n’ayant que peu de rapports entre eux si ce n’est qu’ils auraient pu tous figurer dans le film. C’est à l’image d’une bande-son sauf que dans ce cas, les morceaux ne sont pas dans le film !

Vous pouvez retrouver toutes les photos du tournage sur le site de la compagnie Léon Larchet  http://leonlarchet.com/rubrique.php3?id_rubrique=25

Pour se procurer le film :

Commandez sur papier libre avec un règlement par chèque (ordre : compagnie Léon Larchet) de  20€ (15€+5€ de frais d’envoi suivi) à cette adresse: Compagnie Léon Larchet – La Mazelle – 03170 Saint-Angel

Ou

Commandez-le auprès d’Auvergne Diffusion en suivant ce lien  http://www.auvergnediffusion.fr/violons-dans-la-brume.html

Jacques Puech

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.