Thierry NOUAT – Artiste et enseignant

Au parcours original, Thierry Nouat revient ici sur les découvertes multiples qui ont parsemé son chemin musical et professionnel. Éclectisme, humanité et persévérance ne suffiraient pas à décrire cet artiste aux univers tant originaux qu’attachants.

 Ton parcours musical est riche et considérable, mais commençons par le début, pourquoi la vielle à roue ? Qu’est-ce qui t’a amené à choisir cet instrument de musique ?

 Pour la petite histoire – parce qu’elle fait toujours sourire les gens – je n’étais pas réellement destiné à cet instrument. Mes parents souhaitaient, comme pour tout enfant de mon âge, que je complète mon temps par une activité extra-scolaire. En raison de mes problèmes de santé, le sport ne m’était pas conseillé, et je dus rapidement abandonner mon aspiration première pour le football. On m’aiguilla vers la musique, espérant que je puisse rencontrer d’autres univers sociaux et que mon épanouissement personnel puisse être assuré. Excepté que la musique s’envolait bien haut par-dessus ma tête, et qu’elle venait contrarier mes plans. Je voulais taper dans le ballon. Puis, on m’incita à choisir le piano, parce que c’était chic et prestigieux, mais dans mon imaginaire, un piano ça ressemblait beaucoup trop à un bureau.

Je me souvins alors d’un atelier de présentation de la vielle à roue en école maternelle. J’avais gardé en mémoire l’esthétique séduisante de l’instrument, de par sa forme, ses marqueteries et sa tête sculptée. Quant au timbre de l’instrument, il m’avait échappé. J’avais retenu pourtant deux choses capitales : la première c’est que l’instrument n’était plus fabriqué, et la seconde qu’il ne s’enseignait malheureusement plus. Par esprit de contradiction, et fort de ces connaissances-là, je décidais de sélectionner cet instrument, persuadé qu’on arrêterait de m’ennuyer avec la musique. Le jour des inscriptions, je croisais le directeur de l’école de musique qui m’apostropha «  Alors mon p’tit gars, tu as choisi ton instrument ? ». Je répondis, très confiant, et quelque peu fier de moi « la vielle à roue ». C’est alors qu’il me tapa dans le dos et s’esclaffa « cela tombe bien, on ouvre une classe cette année, et te voilà le premier inscrit ! ». Les bras m’en sont tombés, je n’avais absolument pas prévu ça dans le scénario ! C’est comme ça que mon aventure a commencé.

Est-ce que ça t’a plu immédiatement ?

Absolument pas. J’ai suivi les cours parce qu’il le fallait. C’est ainsi que j’ai suivi un cursus au conservatoire pendant une dizaine d’années, à l’École Nationale de Musique de Bourges avec Laurent Bitaud. On travaillait alors sur partition, autour d’un répertoire trad’ de musique baroque, et de musique contemporaine. Mais Laurent nous a toujours incité à aller voir plus loin. À mes débuts, je n’avais aucune idée de l’existence du milieu des musiques traditionnelles et ce n’est que peu à peu que je vins à sa rencontre. C’est grâce à ma participation à des concours inter-régionaux (sur les conseils de Laurent) que ma vision s’est élargie. À cette occasion, je rencontrais notamment Laurence Pinchemaille, qui m’ouvrit à cet univers. Elle m’invita à venir découvrir les Rencontres Internationales des Luthiers et Maîtres Sonneurs à Saint-Chartier. Je m’y rendis avec pour bagages : mon initiation sur partition, ma vielle en Sol/do et une certaine méconnaissance du répertoire des musiques traditionnelles pratiqué en boeuf. Mes souvenirs me ramènent à mon premier bœuf. Il était formé de cercles concentriques : au centre figuraient les vielleux reconnus tels que Patrick Bouffard, Gilles Chabenat ou Nigel Eaton, et puis, plus on s’écartait plus les niveaux et la notoriété faiblissaient…. Je me trouvais dans le dernier cercle. N’ayant pas l’expérience de jouer d’oreille, et les morceaux étant joué en Ré (il me fallait tout transposer), mes débuts furent particulièrement compliqués ! On me conseilla vivement d’apprendre le répertoire pour pouvoir mieux suivre en bœuf. J’ai pris mon magnétophone et j’ai enregistré tout ce que je pouvais. L’année suivante je jouais tout ce que j’avais enregistré.

J’ai découvert qu’il existait un certain nombre de musiciens qui gravitaient autour de ce milieu, qu’il y avait des productions de disques, et que l’ambiance générale était plutôt chaleureuse. Mes débuts ne furent pas évidents, parce que j’avais été projeté naïf et innocent dans un monde d’inter-connaissance, j’ai très vite pensé que pratiquer la musique (de manière vivante) pouvait être plaisant et satisfaisant.

Au fur et à mesure j’ai su m’insérer dans le réseau. Je devins l’un des lauréats du concours de Saint-Chartier à plusieurs reprises. Je pris conscience de mes capacités après avoir joué un soir sur la grande scène, quand au moment des applaudissements je me rendis compte du rassemblement de spectateurs et quand en descendant de scène on vint m’embrasser ! Au delà de mes aptitudes, je réalisais que ma présence sur scène changeait le regard des gens. La pratique de la musique me permettait d’évoluer et me procurait une certaine reconnaissance sociale. Je rencontrais facilement des jeunes de mon âge, et je trouvais intéressant de partager nos expériences autour de la musique. Ainsi, j’ai continué mon chemin, de découvertes en découvertes.

Si je n’avais pas prévu de faire de la musique au départ, mon parcours m’a réservé bien des surprises. Grâce à une multitudes de rencontres musicales et d’opportunités, la musique est devenue un moyen de gagne ma vie. Mon expérience dans le Viellistic Orchestra, de 1993 à 1999 notamment me mena vers une démarche professionnelle et je devins intermittent du spectacle.

Photo – Elodie Chabrier1

Quel est ton propre regard sur ton parcours musical ? Comment définis-tu ton identité musicale ?

Je dis toujours « je ne sais pas faire, mais je vais essayer ». Mon parcours est assez éclectique, au fur et à mesure de mes diverses expériences je me suis ouvert à une multitude de tendances et genres musicaux. Je me suis confronté aux  musiques traditionnelles, à des compositions contemporaines, à la variété, au jazz, aux musiques anciennes….

Bien entendu, de part mon origine géographique, j’ai d’abord été imprégné par les musiques traditionnelles du Berry et du Bourbonnais. Comme tout bon élève, j’ai commencé par mimétisme, dans ce champs des musiques traditionnelles, en calquant mon jeu sur ceux des grands vielleux, tels que Patrick Bouffard, Gilles Chabenat, Nigel Eaton ou Valentin Clastrier. On repère déjà des esthétiques et des orientations bien différentes chez ces musiciens contemporains, mais pour ma part je ne me suis jamais vraiment focalisé sur l’une d’entre-elles.

Je me définirai comme étant spécialiste de l’instrument (et donc des musiques traditionnelles puisque la majorité des répertoires pratiqués sur l’instrument émanent des musiques traditionnelles), mais je ne m’inscrirai pas exclusivement dans une esthétique particulière. J’aime découvrir de nouveaux horizons. J’aime également trouver des astuces et des réponses techniques à une demande musicale singulière. Par exemple, si je souhaite  jouer du Renaud Garcia Fons à la vielle, j’expérimente alors des moyens techniques pour tendre à ce son, bien qu’il ne s’agisse pas de musiques traditionnelles, mais de jazz modal. J’essaye, à la manière d’un imitateur, de trouver des outils pour traduire un effet produit à la vielle à roue : un style de jeu de guitare par exemple, des effets de voix, etc…

Mes rencontres m’ont entraîné vers diverses expériences plus intéressantes et captivantes les unes que les autres. Ainsi, j’ai participé à l’Ensemble Baroque de Limoges en 2006, sous la direction de Christophe Coin. Pour ce faire, je me suis initié à la vielle organisée[1] afin de jouer des pièces de Joseph Haydn. J’ai aussi remplacé Gilles Chabenat dans I Muvrini, le concert m’a laissé un souvenir marquant : un solo de quelques minutes sur scène devant une foule impressionnante de personnes ! Cela m’a permis d’approcher la dimension médiatique de la musique et de découvrir l’univers parallèle des gens du spectacle, et les métiers annexes tel que ingénieur du son, etc.

Simplement, je sais d’où je viens mais j’accepte tout ce qui me parvient aussi, je reste dans l’attente de surprises musicales et de rencontres humaines !

Tu te définis comme « spécialiste de l’instrument », est-ce uniquement du point de vue de sa maîtrise technique?

J’aime aussi trouver des solutions techniques, en matière de lutherie, pour parvenir à satisfaire ma recherche musicale. Je joue sur une vielle électroacoustique Weishelbaumer. J’ai commencé évidemment par jouer sur une vielle de Jenzat. Ensuite j’ai testé plusieurs vielles provenant de luthiers différents, toujours à la recherche de sons et de timbres particuliers. Ma vielle actuelle me satisfait entièrement, elle permet un large éventail de possibilités, elle a un caractère très polyvalent. Ce luthier autrichien, bien qu’on ne parle pas la même langue, a su répondre à mes attentes du moment. Aujourd’hui, il a eu tellement de succès que ses vielles sont très demandées, et les prix ont malheureusement bien augmentés ! Par chance et par expérience, avec le temps, je sais entretenir ma vielle moi-même. Une approche empirique, faite de tâtonnements, m’a permis d’apprendre des détails techniques importants. Je parviens aujourd’hui à régler la vielle en fonction de mes souhaits en matière de sonorités. Il faut savoir que la vielle n’est pas un instrument comme le piano ou l’accordéon, il est nécessaire de l’ajuster, de la préparer suivant les besoins artistiques et musicaux. Régulièrement, je rencontre Valentin Clastrier et nous échangeons nos idées techniques, nos ressentis et nos projets.

Je projette de construire un prototype singulier ( Jacques Granchamp travaille dessus). J’aimerai mettre au point un système de capodastre sur la vielle qui permettrait la modulation des bourdons en temps réel et ceci sans que l’on s’arrête de jouer. Pour ce faire, j’ai contacté Bruno Priez, un facteur d’accordéon. Ayant des idées précises à ce sujet et après quelques recherches, j’ai pensé qu’il était inutile de créer un élément qui n’existait pas du tout, et qu’il valait mieux se baser sur des éléments préexistants. C’est ainsi que je me suis tourné vers l’accordéon et son système de registres. Bruno Priez s’est penché sur le système et il a déjà obtenu un premier prototype qu’il a installé sur sa vielle. Aujourd’hui, le projet a bien avancé.

Ce projet me fait penser au système de débrayage de la roue, inventé par Weishelbaumer. En une fraction de seconde, ce système permet de passer d’un mode de jeu en “tapping” à un mode de jeu en cordes frottées. De cette façon, il nous évite un bricolage particulier (d’une corde surélevée du chevalet) et un accordage à chaque fois que l’on remet la corde dans son encoche ou inversement.

Ces nouveautés offrent une quantité de possibilités au musicien. La vielle n’étant pas comme le violon un instrument aussi caméléon, toutes les avancées techniques qui lui sont consacrées lui permette de s’ouvrir à de nouveaux répertoires, styles, mais aussi d’enrichir les modes de jeu utilisés dans ses répertoires de prédilection.  J’aimerais que les capacités, possibilités de l’instrument puissent s’élargir pour avoir “la liberté de tout jouer” ou presque !

J’ai envie de participer à des expériences musicales quelles qu’elles soient, peu importe leurs origines et là où elles vont, du moment qu’elles me touchent !

Quels sont tes projets musicaux actuels ?

Dernièrement, je me produis dans quatre projets différents.

J’évoquerai dans un premier temps le groupe Tripe Atypique avec François Breugnot et Richard Hery. Ce groupe peut être défini comme la rencontre de trois musiciens aux univers contrastés. Nous avons travaillé une formule concert en mettant en partage nos diverses influences et nos imaginaires, et ainsi nous volons entre autres de l’Auvergne à l’Amérique Latine. Triple Atypique « c‘est un trio dont la musique est essentiellement taillée dans la masse des cordes et des percussions. Cette fois le cap est mis sur des formes libres mais toujours animées de rythmes essentiels. Ceux des danses qui se partagent avec le public, ceux qui portent l’imagination de tout un chacun. Les trois musiciens conversent avec des mélodies cueillies dans leurs imaginaires et dans les traditions (proches comme celles du Centre-France, mais aussi d’autres plus éloignées). Leur son c’est l’originalité de leur instrumentation, c’est aussi leur façon de jouer AVEC la musique. C’est modal et le rythme mène la transe… Une clarinette basse, des voix, quelques machines s’ajoutent à l’axe violon/vielle/percussions pour relever ces couleurs »

 

Concernant D’Boop, l’album distribué par musicast est sortit le 26 septembre (vous pouvez dors et délà commander l’album en fnac, ou sur internet. Eric Delloye, David Gousset, Alain Governatori et moi-même accompagnons Déborah Claise, chanteuse empreinte de l’univers Jazz Manouche et des danses et musiques folk. Nous devrions nous produire dans le puy de dôme début décembre, ainsi qu’au guingois à Montluçon au cours du printemps prochain.  Des humeurs reggae, ragga, dance floor, jazz et rock viennent colorer les chansons :« Venez découvrir la nouvelle gouaille d’une quatrième génération d’ italo-polonaises, élevée aux traditions folk d’Europe et d’Afrique centrale. D’ boop chante résolument pour la Bourrée-Dance-hall vers un Ragga-Manouche pur jus! Auteur, Compositeur, et bien entendu Interprète…. Du Jazz au Sound System, comme du Blues au Punk, son énergie, elle la tient de son île gipsy de Samois-sur-Seine, et sa douceur, des valeurs roots d’une fille de la forêt de Fontainebleau, tout ce qu’il y a de plus hip hop! Avec D’boop , Mash Up la « musique-fréquence » pour communiquer Pop avec vielle à roue et envoyer une onde de choc sensuelle qui vous laisseras toujours positive (if) … Une voix pour toutes les femmes et les humanistes de notre temps à prescrire LIVE! Pou Pou Di ‘boop là ». www.myspace.com/d-boop

Avec Fabrice Besson, nous avons un duo, dans la lignée du couple “vielle-cornemuse” du 19ème siècle de par l’instrumentation, nous évoluons au gré de nos envies et de notre sensibilité dans un univers musical ancré dans les musiques traditionnelles, mais avec des sensibilités plus actuelles. Nous n’hésitons pas à utiliser l’amplification, des effets électroniques et Fabrice utilise un harmoniseur sur sa cornemuse qui devient tour à tour instrument monodique et polyphonique. Notre travail s’oriente essentiellement sur un répertoire de composition, mais sur des carrures de musique traditionnelle. Ainsi, nous nous produisons en concert ou en bal.

Enfin, je parlerai de mon spectacle solo. L’idée c’est de proposer un kaléidoscope (non exhaustif) des possibilités d’utilisation de la vielle à roue. Souvent, les plupart des gens associent une image négative, ringarde ou uniquement folklorique à cet instrument. Je souhaite alors montrer les capacités de la vielle à roue et la façon dont elle peut s’ancrer dans nos musiques actuelles ou plus contemporaines. C’est quasi une manière didactique de présenter les multiples facettes de l’instrument au public. A travers un répertoire varié – de la musique irlandaise à une pièce baroque en passant par une valse jazz manouche – il s’agit de proposer des ouvertures et des découvertes musicales à un public néophyte.

Aujourd’hui tu es aussi enseignant, où enseignes tu ? Quel est ton parcours d’enseignant ?

J’enseigne la vielle à roue et la cornemuse du centre au Conservatoire à Rayonnement Régional de Clermont-Ferrand. Je remplace Dominique Borel pendant un certain temps.

J’ai commencé à enseigner à l’âge de dix-huit ans, à St Amand-Montrond, dans le Cher, pendant trois ans. Mon parcours professionnel est fait d’alternances entre intermittence et enseignement. Après mes études au Cefedem, en vue d’obtenir mon Diplôme d’État, j’ai enseigné de 2002 à 2005 la vielle à roue et la cornemuse du centre à l’École Nationale de Musique de Montluçon.

Que souhaites-tu transmettre ? Sur quels éléments ton enseignement est-il fondé ?

Je souhaite faire profiter mes élèves de mes diverses expériences et de leur révéler les multiples possibilités de jeu, de styles et d’esthétiques accessibles à la vielle, bien que le socle d’apprentissage soit toujours les musiques traditionnelles. Les individus qui s’inscrivent au Conservatoire aspirent à jouer d’un instrument avant toute démarche vers une esthétique particulière. J’enseigne à tous les niveaux et à tous les âges, ce qui offre une palette d’envies, de goûts et d’orientations très large.

En général, je pars du projet de l’élève et on définit ensemble un parcours adapté.

Il y a les cours individuels (en cursus ou en tant qu’auditeur libre/ avec ou sans solfège) et deux ateliers de musique d’ensemble ; un pour “les jeunes” et un pour les adultes. Les choses se passent en toute convivialité. Par ailleurs, j’écris des arrangements à plusieurs voix que nous travaillons pendant l’année, afin de nous produire en concert chaque année. Pour cette nouvelle année scolaire, je souhaite que nous puissions jouer en dehors des murs du conservatoire. Un de mes collègues violoniste et ami, Vincent Venries, s’occupe d’un autre ensemble et nous souhaitons travailler en collaboration et nous produire conjointement avec nos 2 ensembles dans diverses manifestations.

Je suis soumis à l’heure actuelle à une baisse de la fréquentation de ma classe. Beaucoup, j’imagine pensent que leur place n’est pas au conservatoire car ils ne connaissent pas le solfège ou pour bien d’autres raisons. Je tiens à préciser que j’accueille tous les profils de pratique et d’âge. Comme je l’ai dit plus haut, je pars du projet de l’élève et je m’adapte à ses besoins, ses envies. J’essaie ainsi de proposer un accompagnement individuel, personnalisé et collectif afin que chacun puisse y trouver “son compte”.

De plus ma tâche est de leur fournir le meilleur niveau technique possible afin qu’ils puissent s’orienter par la suite vers un style musical singulier selon leurs besoins et leurs attraits. Plus les capacités techniques sont amples, plus les portes sont ouvertes. C’est pourquoi, je fixe mes cours suivant les envies premières des élèves et leurs perspectives tout en perfectionnant leur maîtrise technique. Récemment, avec une élève, nous avons travaillé la Chanson de Craonne – chant antimilitariste des poilus de la guerre 14-18 – pour l’épreuve du Brevet des Collèges. J’essaye de sensibiliser mes élèves à des démarches artistiques originales ou dont ils n’ont pas l’habitude (à la musique baroque, aux musiques actuelles, aux systèmes d’amplifications, etc.).

Je tend aussi à les habituer à deux démarches d’apprentissage : à la fois par l’oralité et par l’écriture musicale. Je travaille indifféremment avec ces deux systèmes parce qu’ils ont chacun leurs avantages et leurs inconvénients, mais aussi parce qu’ils se révèlent très complémentaires.  Il convient de les considérer comme des outils ou des moyens sans qu’ils deviennent des finalités. De la même manière les esthétiques sont des moyens pour parvenir à l’essence même de la musique! Entre oralité et écriture, entre musiques traditionnelles et musiques actuelles (par exemple), il existe des passerelles. Ainsi, lorsqu’on approfondit un style, on peut facilement trouver des passerelles pour passer à un autre style. Ces passerelles sont infinies, elles peuvent concerner des éléments de jeu, des tonalités musicales, des ornementations particulières, des schémas rythmiques, etc. Les notions musicales et les concepts sont aisément identifiables dans des genres musicaux variés, c’est leur utilisation et leur vision qui diffèrent. Par exemple les ornementations ne sont pas uniquement des éléments constitutifs des musiques traditionnelles ! On les retrouve en musique baroque, en rock’n’roll, etc.

Mais rassurons les amoureux des musiques traditionnelles de notre région, nous travaillons bien sûr sur un répertoire du centre de la France : Auvergne, Bourbonnais, Berry, Nivernais,… Et par ailleurs,

j’accueille tous les instruments en musique d’ensemble. A bon entendeur…

Pour conclure, de la même manière que ma pratique musicale est ouverte, mon enseignement l’est aussi.

Je remercie l’Amta et en particulier Lucie Braun pour la rédaction et Josée Dubreuil pour la publication de cet article.

A bientôt sur scène, en cours ou pour faire connaissance !

Lucie Braun


[1]             « La vielle organisée est un instrument hybride : une vielle à roue, symbole de la simplicité arcadienne, dans laquelle se niche l’incarnation de la science la plus haute de l’époque, un petit orgue. La très courte période de vie de cet instrument « savant » se situe entre 1740 et 1790. Il est ensuite récupéré comme instrument « du peuple » par la Révolution française et termine sa vie comme instrument populaire au XIXe siècle. A ce jour, il en existe encore quelque 17 exemplaires dans le monde ».  (Michel Uhlmann & Nicolas Sarre, La vielle organisée, Ensemble Baroque de Limoges, 2009.)

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