Pière la Chabreta, violoneux du Cézallier

Pierre Tixier, dit « Pière la Chabreta » (coll. E. Desgrugillers)

En 2019, sur les conseils avisés d’Olivier Durif, je récupère chez un antiquaire de Brioude prêt à fermer boutique cette magnifique photo de ce violoneux mythique, originaire de La Pénide d’Espalem, en Haute-Loire, et dont on sait qu’il a déménagé à Bonnac, dans le Cantal tout proche. On ne sait pas qui a écrit le petit poème sur la photo, on ne sait pas non plus la date de cette photo (certainement début du vingtième siècle, vers 1920).

Cet été 2022, au grand bal de l’Europe, alors que je présente à un client sur le stand de Phonolithe le livre « Regards, 1860-1960 » d’André Ricros et Eric Montbel (livre d’interprétation de photos de musiciens du Massif central) que j’ai ouvert au hasard, je tombe sur une série de trois photos que je connais bien pour les avoir numérisées, issues de la collection d’André Ricros. Je n’avais jamais fait le rapprochement depuis 2019, mais comme on dit, « ça a fait tilt » !

Ces trois photos montrent deux magnifiques danseurs en pleine action, accompagnés par un violoneux. La stature du violoneux, sa coiffure, ses oreilles, la position des doigts et la tenue de l’archet, le nez et les arcades sourcilières : tout paraît si évident, je suis convaincu qu’il s’agit de Pière la Chabreta. Ce qui est corroboré par la légende des photos du livre : Bonnac, vers 1910. Aucune certitude absolue, bien entendue, mais je vous laisse juger par vous-mêmes. Voici ces trois photos :

Bonnac, vers 1910, coll. A.Ricros, extrait du livre « Regards, 1860-1960 »
Danseurs de Bonnac, vers 1910 (coll. A. Ricros, arch. de l’AMTA)
Danseurs de Bonnac, vers 1910 (coll. A. Ricros, archives de l’AMTA)

Sur cette dernière photo, on distingue l’archet à l’extrême droite.

En y regardant d’un peu plus près, et dans l’ordre que l’on veut, on arrive à distinguer en faisant défiler sous les yeux ces photos les mouvements des danseurs : il se font face à face comme s’ils allaient chacun de leur côté, ils ont l’air de se croiser ou de tourner l’un autour de l’autre. La façon dont on voit les corps fait irrésistiblement penser à la bourrée à deux partenaires de l’Artense ou du Cézallier. De l’énergie qui se dégage des danseurs, on parvient à imaginer celle de la musique de Pière la Chabreta.

Ces quatre photos constituent les seuls documents concrets que l’on connaisse de ce violoneux, auxquels il faut ajouter le cahier d’enquête d’Eric Roux et les recherches d’Olivier Durif regroupées dans son ouvrage « Le violon en Massif central ». Il est plaisant de penser que ce n’est qu’un début !

Eric Desgrugillers

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