C’est le 2 août dernier après un combat digne et courageux contre la maladie que Michèle s’en est allée à l’âge de 55 ans pour ce long voyage d’où l’on ne revient pas.
Michèle était une Grande Dame, une belle personne, une âme généreuse. C’était une Grande Musicienne au grand cœur et aux doigts d’or, toujours aimable, souriante et affable.
Fille de Marc Chevrier, grand vielleux du Morvan, résistant et juriste de renom et de Marie Verrechia, originaire d’Italie, Michèle avait hérité de ses parents le sens des responsabilités, l’amour des musiques traditionnelles, le sens de l’engagement, la loyauté, une grande sagesse, le sens de l’hospitalité et de la convivialité, la curiosité, l’amour des Arts, le respect des autres et une large ouverture d’esprit.
Elle était une femme réfléchie, posée, pondérée n’agissant jamais de façon impulsive.
Respectée et aimée de tous, elle faisait l’unanimité de par sa sérénité, sa bonté, sa patience, sa bienveillance et sa gentillesse.
Son départ trop tôt, trop brutal, trop injuste a plongé le monde des musiques traditionnelles dans la peine et aujourd’hui bon nombre de musiciens et danseu
rs se sentent un peu orphelins.
Après de brillantes études universitaires en mathématiques et en informatique, Michèle a eu une belle carrière professionnelle dans différentes entreprises, occupant des postes stratégiques. Référente, fiable, engagée, conciliante, elle ne comptait ni son temps ni ses heures.
C’est en 1979, qu’elle rencontra à l’occasion d’un stage de musiques à Bourg en Bresse, Alain Reuge, qui, quelques années plus tard, allait devenir son mari.
Ensemble, ils partageront de nombreuses passions. La musique évidemment, la nature, les voyages et le goût des arts. Ils feront de leur maison de Dommartin (58), un havre de paix et de bonheur pour leur famille et leurs amis.
De leur union, naîtra Emilie, une jeune fille adorable, qui leur apporta de nombreuses satisfactions et qui avait avec sa maman une belle complicité.
Discrète et humble par nature, Michèle ne recherchait jamais les honneurs et pourtant du talent elle en avait. Ce talent, elle préférait le mettre au service des autres, au service de ses partenaires.
C’est à l’âge de 7 ans qu’elle débuta le piano. Pianiste émérite jouant avec une grande sensibilité, elle interprétait divinement Chopin, qu’elle affectionnait particulièrement.
10 ans plus tard, elle se décidait enfin et pour le grand plaisir de sa famille à apprendre la vielle lors d’un stage à Montluçon organisait par Gaston Rivière, dont elle deviendra très rapidement une des ses fidèles animatrices et amies.
Compositeur d’exception, ses œuvres raisonneront encore longtemps d’autant qu’elle s’était faite un devoir de ne pas les déposer à la SACEM et de les laisser libres de droit.
Elle aimait associer mineur et majeur, émotion et joie. Le tout teinté d’une extrême sensibilité.
Une histoire d’araignée, les dames du Si bémol, sous la pluie, quelques boules de neige, une croix feuillée, une girouette et bien d’autres belles histoires qui feront rêver et virevolter encore de nombreux danseurs.
Vielleuse reconnue et jouant sur la vielle Nigout de son papa, elle avait son propre style. Une façon bien à elle d’interpréter les valses, d’allonger les notes, elle avait un vibrato très reconnaissable, une manière inimitable de faire sonner sa vielle.
Ses graves réchauffaient, ses aigus enchantaient.
Si ses mélodies charmaient ses auditeurs, ses contre chants régalaient ses partenaires.
Parmi les beaux souvenirs, il y a la très belle rencontre entre « les Grandvalliers » (ensemble de trois cornemuses composé de Alain Mignot, Dominique et Pascal Meunier) et « Duo + un » (Duo de vielles et accordéon chromatique composés de Michèle et Alain Reuge, son mari et Gilles Martin) donnant naissance au groupe « La Croix Feuillée ».
Quelle belle aventure pour ces 6 musiciens. Des répétitions souvent à Dommartin, le prétexte d’un bon repas, des bals et des concerts par dizaine, et enfin un CD, le CD, dans lequel on retrouve ses principales compositions.
Plus qu’un groupe musical, c’était une belle famille dont elle était le lien et le liant.
Il est possible de retrouver Michèle sur d’autres enregistrements, les Morvandiaux de Paris, les Enfants de la Marche et 80 ans d’âge avec Gaston Rivière.
Evoquer sa mémoire, c’est repenser également au travail de transmission remarquable qu’elle a réalisé et aux nombreux stages qu’elle a animés bénévolement durant plus de 25 ans que ce soit à Saint Agnan, Bourg en Bresse, Chatillon sur Chalaronne, La Clayette, Montluçon, Cosne d’Allier, Châteauroux, Paris.
Combien d’apprentis vielleux a-t-elle formés ? Au moins plusieurs centaines. Douce, attentionnée, sa pédagogie était appréciée.
Parmi ces nombreux stages, il y eut évidemment le rendez-vous annuel de Bourg en Bresse, dirigé par Gaston Rivière. Ce stage se déroulait entre Noël et le jour de l’An et rassemblait plus de 100 vielleux et cornemuseux. Michèle était l’une des animatrices, tout comme son papa, Dominique Borel, Pierre et Nathalie Joachin, Josette Desloges, Maurice et Jacques Foulatier et moi-même.
Elle avait l’écoute de Gaston et elle était parvenue à lui faire mettre en place des ateliers par tonalité et par niveau.
Evoquer sa mémoire, c’est aussi mesurer son engagement associatif.
C’est d’abord au sein des Morvandiaux de Paris, qu’elle débuta l’aventure, au côté de son papa, portant un peu partout les belles mélodies du Morvan et ses premières compositions.
Toujours fidèle à ses racines, elle fut la toute première vice présidente de l’UGMM (Union des Groupes et Ménétriers Morvandiaux), elle n’avait que 23 ans. Son papa, l’un des fondateurs aurait dû en être le président, mais la vie en avait décidé autrement. Il décédait lui aussi beaucoup trop jeune. Il n’avait que 57 ans.
Elle suivra toujours avec un grand intérêt l’évolution de cette association, ne faisant que peu d’infidélités à la célèbre fête de la vielle d’Anost.
Récemment en avril 2010, elle rendait un très bel hommage à son papa sur ses terres de Dommartin et réalisait un remarquable ouvrage rassemblant de nombreux témoignages en collaboration avec la Camosine.
C’est à partir de 1992 qu’elle prit en main les destinées de l’AVCBA (Amicale des Vielleux Cornemuseux du Bourbonnais et Alentours), tout comme son papa l’avait fait aux côtés de Gaston Rivière en 1964 pour l’AVCC (Amicale des Vielleux Cornemuseux du Centre). Elle préparait de façon méticuleuse les rencontres. Convocations, recueils de partitions, bulletins de liaison, préparation des concerts, rien n’était laissé au hasard. Sa rigueur et son sens de l’organisation étaient admirables.
Enfin, toujours prête à rendre service et apporter sa contribution, elle savait se rendre disponible pour animer les rencontres du GRETT (Groupe de recherche, d’étude, de transmission des traditions du Charollais Brionnais), ou apporter son concours dans de nombreux stages tout comme son soutien dans de nombreux concours en tant que membre du jury.
Aujourd’hui où qu’elle soit, j’espère qu’elle a retrouvé, apaisée et sereine, celles et ceux qui l’ont précédée.
Selon sa propre formule, à nous de « poursuivre notre bonhomme de chemin vers d’autres horizons pour de nouveaux petits et grands bonheurs », à nous de faire vivre sa mémoire, à nous de faire vivre sa belle musique.
Gilles Martin
Très bel hommage rendu à Michèle….
Merci Gilles
Des pensées pour toi, toute sa famille, ses amis et ses proches…
Joli……Rien d’autre dire…..
Je suis très émue par ton article Gilles, un grand merci…
Michèle nous manque tellement. La Dame du Si Bémol ne peut être remplacée par aucune autre note sur le clavier de la vie. Il faut se souvenir de tous nos bons moments passés à ses côtés. Et faisons chanter ses belles compositions dans notre tête et notre coeur !
Je suis très touché par cet article, bravo à celui qui l’a écrit.
Mon seul regret, c’est de n’avoir pas connue Michèle plus tôt.
car nous aurions surement fait de belles choses ensemble !
un petit coucou gilles ,
trés bel hommage à notre cousine mimi ,comme tu le dis elle écoutait tout le monde ,aussi bien la musique et bien d autres choses .savait réunir la famille ,les amis .
organiser les repas dans cette maison de dommartin quelle aimait tant ,réconcillier les uns les autres dans toutes les circonstances.
sans oublier tata marie,alain et émilie que de bons souvenirs dans cette grande maison .
tonton marc avait dit ce sera la maison de famille ,des amis , de la musique et de son morvan qu il aimait tant.
gilles merci a toi nous savons quelle etait ta grande (soeur )
Merci Gilles. C’est un très beau texte qui décrit toutes les qualités de Michèle. Tu as su faire son portrait tout en exprimant beaucoup d’émotion.
Merci encore de rendre hommage à Michèle qui nous manque tellement, et à sa famille encore plus…
Chantal et Gérard
Magnifique éloge, mon Gillos: tu as su faire danser ta plume à sa mémoire comme elle savait faire danser les notes pour le plaisir des siens. Amitiés, JClaude