Je laboure une terre d’outre connaissance où lui gratter le dos est un moyen efficace d’être au monde dans la lancinance de ces gestes de labour, s’appuyant les uns contre les autres pour que la terre change de couleur et donne à celui qui marche derrière la charrue une notion presque exacte de la puissance et de l’humilité que peuvent et doivent avoir les hommes sur leur environnement.
Je laboure face à cette butte étrange de forme où les vieux, les bien plus vieux disaient qu’il y fut érigé château et tombes alors que quelques arbres irrévérencieux ont, malgré le côté sacré des lieux, plantés leurs graines et leurs racines pour s’ériger plus haut que d’anciennes murailles disqualifiant ainsi cette motte souveraine dans le bruissement des feuilles lorsque le vent s’y frotte.
Je laboure avec un couple de chevaux qui depuis le matin rivalisent avec la paire de noyers qui agrandissent leurs ombres plus vite que je déchire mon champ.
Je laboure un espace sans fin dont le ciel est immense et je m’accroche au brabant pour ne pas aller trop tôt y gratter son dos de nuages.
Dieu est encore trop petit pour peser sur le monde.
André Ricros
Une vraie prière, laïque certes, mais une prière
Mr Ricros, encore…………!!
Marylène