Dans un corps de ferme en plein bocage, bercé par l’Allier proche qui coule au rythme des saisons, s’anime depuis bien longtemps un groupe d’artistes, d’artisans de la musique, de la danse, des arts de vivre en bourbonnais. Ceux qui ne connaissent pas La Chavannée sont bien les seuls pour qui ces mots n’évoquent pas des couleurs, des instants de fête, des odeurs de tartines réchauffées sur le poêle et des sourires chargés de sincérité. La couleur du temps, qui là bas ne vieillit jamais, ravive en nuances ce pays des sens où la musique, dans sa simplicité, révèle le cœur de ceux qui la font.
Fublène, une des formations les plus récentes de l’association, a sorti cet été sous le soleil des festivals un album chargé de flocons d’hiver frais et revigorant : l’épaisseur des mélodies soignées s’y mêle à la blanche pureté du son acoustique, celui des cordes, du bois, des lames et des anches. Quant aux voix féminines, belles et rares, elles enrobent le froid dans un manteau subtil de chansons vieilles comme le monde, et pourtant terriblement actuelles : elles percent la forêt endormie d’un flambeau ardent.
Quartier d’hiver, une traversée au pays de la chanson à bord d’un bateau paisible, est le nouveau né d’une famille qui a déjà enfanté « Bateau Doré », « Avant Soleil Levé », « la Fleur des Noëls » ou plus récemment « Vent de Galarne » pour ne citer qu’eux. Le groupe Fublène composé de Jean-Marc Duroure (contrebasse), Arnaud Guenzi (cornemuses, flûtes, clarinette), Catherine Paris (chant, piano, harmonium), Pierre Sacépé (vielle à roue, mandole) et Marjorie Stephany (chant, accordéon diatonique), nous fait part des secrets de fabrication de cet album à travers la plume de Catherine :
– Comment est né Fublène ?
Grâce à un « bal de filles » ! Marjorie et moi avions déjà formé un duo de diatos, et ce bal nous a lancé sur un nouveau répertoire, plus encore axé sur le chant. Arnaud est venu prêter main-forte. La formation était née.
– A l’origine, quelles étaient les premières envies de jeu, de répertoire, d’esthétique… ?
C’est le chant, avant tout, qui nous a réunies avec Marjorie. Au-delà même de notre duo d’accordéon : le diato a toujours été là pour nous accompagner. La musique au service du chant est ce qui nous a toujours guidé. Arnaud composait déjà beaucoup. Nous nous sommes tous inscrits dans la même démarche.
– Depuis le début de l’histoire, les effectifs se sont progressivement multipliés : c’est le sens du partage « Chavan » ?
C’est le sens du « brassage » chavan ! Tous issus de la même marmite et tous venus d’horizons divers et variés. Avant de faire de la musique ensemble, nous faisions tous partie de l’association. Mais nous avions des parcours musicaux très différents (en vrac, musique noire américaine, chanson française, mais bien sûr Patrick Bouffard, Magma, J.S Bach, Dervish, Lunasa, Dan ar Braz, Gabriel Yacoub, The Cure et j’en passe !) et c’est aussi ce qui nourrit Fublène aujourd’hui.
– Avez-vous, en tant que groupe issu de la Chavannée, la volonté de vous démarquer de l’esthétique musicale propre aux anciennes productions de l’association ?
Nous sommes des enfants chavans ! Pas de doute là-dessus ! Mais nous ne voulons ni nous démarquer, ni reproduire. Le son est différent, mais l’esprit reste. On ne se pose pas vraiment la question : On fait, avec nos influences et nos envies d’aujourd’hui, la plus belle musique possible.
– Le répertoire enregistré est-il différent de celui joué sur scène ? Ou dans quelle mesure est-il arrangé différemment ?
Différent, non. Les arrangements sont les mêmes. Mais bien sûr, en concert, nous laissons place à l’imprévu.
– De qui viennent les compositions, comment se fabriquent les arrangements ?
C’est un travail collectif. Chacun apporte son idée sur l’instant.
– Il y a à peu près autant de chansons que d’instrumentaux dans ce disque : malgré la tendance « musique à danser » générale qui s’en dégage, on ressent certaines attentions particulières à la narration. Comment choisissez-vous les textes ? Quels rôles jouent-ils dans vos idées d’arrangements ?
Aussi étrange que cela puisse paraître, nous choisissons avant tout les textes pour la musicalité qu’ils dégagent. Nous sommes bien sûr attentifs à la narration, mais nous composons à partir du texte, de sa musique propre.
– Quelles histoires souhaitiez-vous raconter dans ce disque ?
La vie, l’amour, la mort.
Il ne nous reste plus qu’à prendre nos propres quartiers d’hiver à côté de nos mange-disques, et écouter Fublène s’installer dans nos oreilles comme la douce chaleur de l’âtre du salon. Pour se le procurer :
La Chavannée
Embraud
03320 Château-Sur-Allier
04 70 66 43 82
Auvergne diffusion
http://www.auvergnediffusion.fr/
1 route d’Ennezat
63204 Riom
04 73 63 03 39