Les créations à partir de danses traditionnelles sont plutôt rares, raison de plus pour s’attarder sur celle-ci. D’autant que ses conceptrices ont la volonté de présenter un spectacle qui ne soit pas une déclinaison chorégraphique de la bourrée à trois temps. Sortir du ballet, si esthétique soit-il, telle est l’ambition affichée.
Elles sont quatre à la personnalité bien affirmée : Zahia Bensaidani, Anne Elsener-Liogier, Anne-Lise Foy, Sarah Serec. Si leurs itinéraires et leurs styles sont différents, elles ont en commun le plaisir de la musique et de la danse.
Elles ont bien voulu répondre à nos questions…
« Paroles de planches » est un projet qui a beaucoup évolué depuis que Christian Frappa, danseur de Haute-Loire, a lancé les premières pistes de travail avec des personnes et des contenus différents du projet actuel… Parmi les éléments intangibles, il y a le titre du spectacle, le socle même de la création : la bourrée à trois temps et la communication entre les différents protagonistes : la musique, la danse, le musicien, le danseur, le public. Pour le reste, le spectacle présenté à Brioude s’est développé sur certaines des premières pistes de travail, tout en s’enrichissant des divers parcours personnels et des envies inhérentes. La bourrée à trois temps, substance de base, est omniprésente tout au long du spectacle sous plusieurs aspects : épurée, chorégraphiée, en solo, duo ou quartet, en situation classique de bal, amusantes voire incongrues. Elle est tour à tour contée, mimée, chantée, dansée, jouée… Au-delà de la danse, de nombreux éléments sont utilisés comme le son des planches, le toucher, l’espace… Nos personnalités nourrissent une part évidente du spectacle, avec la volonté de faire ressortir l’éclat, la poésie et l’humour des personnages que nous jouons.
Comment s’est construit le spectacle ?
En premier lieu, nous avons commencé par vivre et danser ensemble, de la même manière qu’un groupe de musiciens se construit autour d’échanges, de pratiques et de partages…
Une des phases de travail, après les plaisirs de la table, fut de visionner et de commenter ensemble des films, en partant des collectages jusqu’à la danse contemporaine, dans des genres aussi variés que les bourrées du Cantal ou du Limousin, du Bourbonnais, dansées par plusieurs générations, des spectacles autour du tango argentin, des danses orientales, des groupes folkloriques ou cercles celtiques, les performances irlandaises, les recherches transversales entre tradition & contemporain réalisées depuis plusieurs années en France, sans oublier les expressions actuelles existantes en danses traditionnelles.
De cette confrontation d’idées, d’expériences et de conceptions s’est élaboré peu à peu le spectacle autour de nos sensibilités et de nos itinéraires personnels. Certaines phases de travail amorcées au cours des premiers projets du spectacle « Paroles de Planches » ont été conservées; d’autres, ont bénéficié d’un nouvel éclairage. Se sont superposés travaux de réflexion, de montage, de mise en pratique.
Le résultat, nous l’espérons, met en exergue les éléments rythmiques, les solos de chacune, la communication où complicité, jeu, rivalité et séduction sont présents et des moments d’improvisation auxquels nous sommes particulièrement attachées.
Pour l’avoir expérimenté devant divers publics, nous pensons que ce spectacle est accessible aussi bien aux néophytes qu’aux spécialistes. Il possède plusieurs niveaux de lecture, faisant appel à l’imaginaire de tout un chacun : il n’y a pas Une histoire, mais Des histoires, nos histoires et probablement les vôtres également !
Pouvez-vous nous dire quelques mots de l’aspect sonore du spectacle ?
Le spectacle se colore d’instruments (mais pas forcément de ceux qu’on attendrait de nous….), de chant, de silences, de mots jetés, projetés, rimés, le son des corps, des pieds, des talons, des semelles, des mains, des cuisses… Par ailleurs, une bande son conçue par Hervé Capel à partir de collectages, de musiques pop diffusées en radio, de groupes trads contemporains, de bricolages sonores, alimente et enrichit cet aspect de notre spectacle….
Avez-vous eu recours à un « regard extérieur » ?
Une fois le spectacle élaboré, son tuilage réalisé, nous avons souhaité le peaufiner en le présentant au regard de Carole Baud, professeur d’art dramatique au Conservatoire à Rayonnement départemental de la Communauté d’Agglomération du Puy en Velay. Nous avions besoin d’éprouver nos choix de mise en scène, d’exposer les pistes que nous avions suivies, vérifier leurs lisibilités…auprès d’une personnalité « extérieure » car elle n’a aucune référence en matière de danses traditionnelles.
Durée : 40’
Spectacle acoustique
Conduite lumières : François Breugnot et Christian Frappa
Création accueillie par la Ville de Brioude