Un intellectuel de la cabrette a disparu en la personne de José Roux.
Fortement inscrit dans son temps, il fût tout au long de sa vie sensible à la nouveauté, tout en entretenant un rapport étroit avec son histoire. Naviguant entre oralité et écriture, il parcourra le sud du Massif Central à la tête de son orchestre au sein duquel il ne manqua pas de laisser une place importante à la cabrette. C’est par l’intermédiaire de son père qu’il découvre Jean-Marie Valadier, un des seigneurs des bals musette, réfugié à Figeac après une existence parisienne tumultueuse (voir ouvrage Bouscatel[1]).
Dans cette mouvance, Martin Cayla, toujours implanté dans la capitale le prendra sous son aile. Avec le temps la cabrette occupera une place privilégiée dans l’esprit de José Roux.
Il renforça sa passion et participant à de nombreux concours (De Paris à Aurillac), il parvint à décrocher les premières places. Sa carrière de musicien lui permit de remplir sa mémoire de milliers de souvenirs qu’il prenait plaisir à évoquer. Pour qu’il subsiste une trace de son parcours, il confia sa collection de cabrette au MuPop de Montluçon et il enregistra des disques pour fixer des répertoires qu’il jugeait devoir être préservé. Dans ces enregistrements, où la cabrette est à l’honneur, l’on peut aujourd’hui entendre son jeu d’une grande justesse où quelques ornements resteront sa signature stylistique, tels ceux qu’il employait sur le mi d’un pied de cabrette en do. Ayant été associé à la production de ses derniers disques, je peux affirmer que José Roux va nous manquer pour son amitié et le regard d’une grande lucidité qu’il portait sur le monde.
José que d’Antoine Bouscatel à aujourd’hui, tous les joueurs de cabrette te saluent.
André Ricros
[1] Ouvrage « Bouscatel », Le Roman d’un Cabretaire