Il était une fois et ce ne fut qu’une fois
Celle où tout se passe
Qu’une étoile dont je ne me souviens pas
À l’égal de ce qui ne se dit pas
Ne repassa pas les plats
Il était une fois une étoile perdue dans l’immensité du ciel et qui dérivait depuis des millénaires dans la galaxie. Tant et si bien qu’elle ne savait plus où elle se trouvait et encore moins où elle devait aller.
Alors qu’elle s’apprêtait à se laisser choir en se précipitant vers une planète qui l’avait attirée par sa beauté, ses yeux bleutés, son aspect et son visage illuminé, elle écouta le tumulte de cette sphère d’où lui parvinrent des voix égarées dans la solitude d’un immense territoire.
-Melchior, ne penses-tu pas que nous faisons fausse route ?
– Mon pauvre Balthazar, je ne vois pas d’autre solution que de persévérer dans notre quête. Qu’en dis-tu Gaspard ?
– J’en dis que nous sommes perturbés par nos habitudes des grands palais et je me demande comment faire pour trouver une étable dans une botte de foin.
Et comme si ces voix perdues dans l’effervescence du monde s’adressaient à elle, elle entendit venant de ces trois personnages insolites :
Étoile ô notre étoile
Peux-tu nous dire le sens de notre histoire
Étoile ô notre étoile
Avec la traîne de ta beauté
Peux-tu nous dire où nous devons aller
Stupéfaite par cette interpellation, l’étoile interrompit sa chute, se suspendit dans le ciel et sans comprendre son geste, de tout là-haut éclaira leur chemin jusqu’à l’étable la plus proche où le soir venu dormaient un âne et un bœuf et où la paille était si fraîche et tendre qu’une famille s’y était installée.
Après que tout se soit passé comme il était prévu que cela se passe, que chacun eut rempli sa fonction et son rôle et que tous aient pu atteindre ce lieu qui allait, durant plus de deux millénaires, influencer la vie et l’avenir de tant d’hommes et de femmes, notre étoile considéra, au regard de cette aventure pour le moins surprenante pour un astre solitaire, qu’elle venait de trouver sa place dans l’univers et le sens qu’elle cherchait à sa destinée, à son voyage intergalactique où, enfin suspendue dans cet espace transparent qui lui procurait son équilibre, elle décida d’accompagner les marins et les bergers pour le reste de son éternité.
Texte d’André Ricros