NO.s ARCHIVE.s, NO.s FUTUR.E.s

Les 1ères rencontres nationales autour des archives sonores ont lieu les 20 et 21 novembre à La Maison des association de Rennes. 


Co-organisées par Dastum et la FAMDT, à travers sa commission documentation, elles souhaitent questionner et mettre en débat les enjeux et réalités des pratiques sociales et culturelles, en croisant les points de vue et expériences de collecteur·ices, de gestionnaires d’archives sonores, de musicien·nes, de collectifs artistiques, de chercheur·euses universitaires, de porteur·euses de projets, d’élu·es, de diverses structures patrimoniales.

Clin d’œil entre l’immédiateté des cultures punks (No archive / No future) et la construction de politiques matri·patrimoniales durables (Nos archives / Nos futurs) ;  manière aussi de montrer la montée en puissance des enjeux matri·patrimoniaux dans d’autres cultures musicales.


KANOUR NOZ, chanteur de nuit en breton, était le surnom que les habitants de Kerroc’h, petit port près de Ploemeur dans le Morbihan, donnaient à un pêcheur qui avait l’habitude de chanter la nuit, tout au long de ses sorties en mer. Élodie Jaffré a découvert que cet homme, Louis Le Hirez (1907-1983), était son arrière- grand-oncle. La chanteuse a souhaité créer un spectacle autour de ce personnage, de sa vie et de son expression. Avec Awena Lucas et Yann Le Bozec, elle imagine de manière contemporaine une sortie de nuit et développe un univers autour de lui, seul sur son bateau au milieu de l’océan, avec sa voix. Un spectacle singulier et touchant où la voix s’entremêle au récit dans une création originale. Concert à l’auditorium des Champs Libres, gratuit, dans la limite des places disponibles.
Introduction subjective par Erik Marchand, chanteur et musicien, membre du bureau de la FAMDT et du CA de Dastum.
Dans l’histoire, la collecte des archives sonores a été réalisée majoritairement par des hommes. Et leurs témoins ont été pour une large part des femmes. Peut-on parler d’archives de femmes ou d’archives sur les femmes ? Que nous racontent ces documents, ainsi constitués, et qu’omettent-ils sur la vie des sociétés et sur la place des femmes dans celles-ci ? Les questions du genre, largement renouvelées aujourd’hui, nous invitent à revisiter ces archives et à les interroger différemment. La distinction entre matrimoine et patrimoine met notamment en lumière les biais historiques qui minimisent les voix féminines au profit des productions masculines. Cette table ronde posera notamment la question de la visibilité des femmes dans les archives, souvent occultées par les récits dominants. Elle interrogera également les enjeux et les modalités pour y parvenir : la réévaluation des sources ne permet-elle pas en effet de proposer une lecture plus inclusive et représentative de notre mémoire collective ?
Animation : Anaëlle Abasq, coordinatrice d’antenne de Radio Phénix Caen.Intervenant·es : Eric Desgrugilliers, chanteur, musicien, farfouilleur d’archives sonores / Marthe Vassallo, chanteuse, raconteuse, auteur / Anaïs Vaillant, musicienne, anthropologue, performeuse pour la rue, la scène et les ondes.
Les collectes sonores en France ont longtemps privilégié le milieu rural, valorisant les expressions musicales et chorégraphiques issues du monde paysan, avec une dimension régionale, voire régionaliste, très affirmée. Bien que précieuse, cette vision ignore une part majeure non négligeable de la mémoire musicale : celle issue de l’immigration, des cultures urbaines et des expressions issues de ces mondes. Qu’en est-il des musiques de l’exil, des chants de la diaspora, des diverses créations sonores, du musette au rap, issues des rencontres entres populations d’originies diverses qui ont façonné la France contemporaine ? Ces répertoires, souvent invisibles dans les archives, posent une question essentielle : quel récit musical construisons-nous de la France d’aujourd’hui ?
Animation : Anaëlle Abasq, coordinatrice d’antenne de Radio Phénix Caen.Intervenant·es : Naïma Huber-Yahi, historienne, chercheuse et responsable associative / Philippe Krümm, journaliste dans le domaine des musiques traditionnelles / Cécile Prévost-Thomas, co-directrice de la Cité des Écritures, Maîtresse de conférences HDR en sociologie, directrice de recherche à l’ED 267 Arts & Médias.
Conférence musicale à l’auditorium de la Maison des associations (entrée gratuite), par Emmanuelle Bouthillier (chant, violon) et Marthe Vassallo (chant).Au départ, quelques minutes d’enregistrement : la trace d’une rencontre passée, d’un instant dans la vie d’un chanteur ou musicien et d’un collecteur. À l’arrivée, une interprétation au présent, parfois très proche et parfois très différente de celle de sa « source », mais toujours pleinement assumée : un nouveau moment de vie pour l’auditeur comme pour l’interprète. Entre les deux, une infinité de chemins possibles… Emmanuelle Bouthillier et Marthe Vassallo dévoilent quelques exemples de leur travail à partir de collectages de Haute et Basse-Bretagne : une alchimie toujours changeante où l’on peut aussi bien avoir un coup de foudre absolu pour un chant que décider d’en fondre plusieurs en un creuset ; où tout peut changer, qu’on le veuille ou non, à commencer par l’oreille elle-même ; où l’eau des sources ne voyage pas toujours dans le même sens ; et où, toujours, c’est l’humanité qui bouillonne et ne demande qu’à jaillir des archives.
Présentation et projection (52 min) au Cinéma l’Arvor (entrée : 6,30 €), en présence du réalisateur, Giuseppe De Vecchi. Film produit par Sombrero & co et diffusé par France3 Bretagne, TVRennes, Tébéo et Tébésud.La vitalité de la culture traditionnelle bretonne doit beaucoup à l’invention du magnétophone qui a permis de recueillir les paroles, les musiques et les chants d’un monde qui allait disparaître. Aujourd’hui, des dizaines de milliers d’enregistrements sont accessibles en ligne, gratuitement. Interrogeant le sens d’un tel héritage, le film raconte la création, en 1972, de Dastum, gardien des archives sonores et l’extraordinaire aventure collective menée autour de leur transmission et diffusion. Une nouvelle génération se passionne aujourd’hui par l’écoute de ces sons et de ces voix, s’en imprègne, pour faire vivre ce patrimoine à son tour. Elle invite à considérer l’immense répertorie des musiques trad’ comme un trésor à l’avenir très prometteur. Magnifique hommage, diffuseur de sens, ce documentaire est un petit bijou !
Suite Programme…
À l’heure du tout-numérique et de l’avènement des technologies d’intelligence artificielle, cette table ronde se concentrera sur les enjeux éthiques et juridiques liés aux archives sonores. La question suscite des positionnements variés : pour qui ces témoignages ont-ils été constitués et quels principes de diffusion prévalent ? Comment concilier le partage des biens culturels communs avec le respect des droits individuels ? Entre un secteur associatif qui plaide pour un accès élargi aux archives issues des enquêtes de terrain, en considérant ces documents comme les éléments d’un patrimoine commun et de grandes institutions culturelles qui choisissent de restreindre la diffusion, arguant des risques juridiques et éthiques liés à la vie privée, aux droits d’auteur et aux consentements des personnes enregistrées, la question est épineuse. En conséquence : diffuser ou ne pas diffuser ? Comment rendre ces ressources accessibles tout en respectant les impératifs légaux et éthiques ? Quels risques avec la diffusion sans limite sur internet ? Quelle évolution des questions et des enjeux avec le développement de l’IA ?
Animation : Jeanne Lacaille, journaliste et productrice radio (Radio France / RFI / FIP)Intervenants : Fabrice Menneteau, chef du service son au département audiovisuel de la BNF / Yvon Davy, directeur de La Loure – Musiques et Traditions Orales de Normandie.
Les archives jouent un rôle fondamental dans la préservation de la mémoire collective et le maintien des pratiques des communautés. Comme certaines expressions ou pratiques relevant du patrimoine culturel immatériel, elles restent fragiles, voire menacées, dans leur conservation sur la longue durée. Comme d’autres pans de l’activité de nos sociétés contemporaines, elles sont aussi concernées par les transitions à l’œuvre, dans la lutte contre le réchauffement climatique. La question de la sobriété, à l’endroit des archives, n’a été que peu posée jusqu’à présent. En conséquence, il n’est pas inutile de s’interroger sur l’impact écologique de la conservation de nos données et sur notre contribution aux enjeux de transition. Le tout-numérique, apparu un temps comme une solution miracle dans la fluidité de la conservation et de l’accès aux archives, est aujourd’hui questionné, du fait de son empreinte carbone considérable. En conséquence, quelles solutions trouver, quelles stratégies adopter pour assurer une gestion archivistique qui soit à la fois respectueuse de l’environnement et efficace ?
Animation : Jeanne Lacaille, journaliste et productrice radio (Radio France / RFI / FIP)Intervenants : Xavier Milliner, coordinateur régional chez CORLAB / Aude Inaudi, maîtresse de conférences – IMSIC – EA 4262 – Aix-Marseille Université.
La collecte des récits et des répertoires des communautés locales ou régionales a été un des fondements essentiels du mouvement de revivalisme des musiques traditionnelles apparu dans les années 1960-1970 en France. Les archives sonores qui en découlent sont donc une ressource fondamentale pour permettre la transmission et la réinvention de ces cultures pour et par les générations suivantes. La Convention de Faro, adoptée en 2005, met l’accent sur la valeur du patrimoine culturel pour la construction de l’identité et le développement durable des communautés. Le patrimoine n’y est pas considéré seulement comme un héritage à préserver mais comme un processus vivant de création et de partage. Pour autant, les défis ne sont pas minces : comment dépasser les biais possibles de la collecte pour révéler l’entièreté et la complexité cuturelle des sociétés qui nous ont précédées ? Comment rendre ces archives attrayantes aujourd’hui afin d’encourager ces démarches ? Quelles pistes pour développer les démarches contributives et participatives et favoriser une réinvention des identités locales, inscrites dans un monde en constante évolution ? Cette table ronde sera l’occasion de mettre le sujet en partage et en travail à travers plusieurs initiatives et regards.
Animation : Jeanne Lacaille, journaliste et productrice radio (Radio France / RFI / FIP)Intervenants : Prosper Wanner, membre du réseau Faro Francophone, SCIC Les oiseaux de passage / Julie Oleksiak, responsable de l’ethnopôle du CMTRA – Centre des Musiques et danses traditionnelles Rhône Alpes / Gaëtan Crespel, directeur de Dastum.
Par Charles Quimbert, chanteur, collecteur, ancien directeur de Dastum et de Bretagne Culture Diversité.

Une démarche collective des acteur·ice·s de la FAMDT  impliqué·e·s et engagé·e·s au sein de la comission documentation : l’AEPEM, l’AMTA, le CMTRA, le COMDT, CRMTL, Dastum, La Loure, la Maison des cultures du monde – CFPCI, la MPO Bourgogne, et l’UPCP-Métive.
Partenaires institutionnels : Le ministère de la Culture, le Centre national de la musique (CNM), la Région Bretagne.
Partenaires professionnels : Association Skeudenn Bro Roazhon / Festival Yaouank, Supermab.
En collaboration avec : les Éditions de l’Attribut, la Férarock, Canal B, Sombrero & co, France3 Bretagne, et Modal, le média.

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