François Breugnot est un de ces « incontournables » des musiques traditionnelles en Auvergne : Depuis les années 1990, il n’a de cesse d’explorer les répertoires traditionnels des territoires d’Auvergne comme l’Artense, le Cézallier ou la Basse Auvergne, au service d’une écriture personnelle, façonnée par les ponts qu’il jette avec sa culture classique ou son affection particulière pour la musique irlandaise. Du jazz au raggamuffin, François expérimente au violon de nouvelles formes autour des musiques de l’Occitanie, avec en fil rouge une démarche pédagogique pour laquelle il a souvent été sollicité,impliquant directement ses stagiaires ou ses élèves dans des créations pluridisciplinaires.
L’Auvergne accueillera l’Irlande le 27 Juin
C’est dans le même esprit qu’a été lancé un nouveau projet avec le Centre d’Enseignement et de Diffusion Artistique du Pays de Saint-Flour. Jean-Claude Renard, directeur du Centre, propose pour la deuxième fois une réalisation en lien avec le festival des Hautes-Terres. Cette année, à l’affiche de la soirée d’ouverture des Hautes-Terres, on retrouve François Breugnot au sein de deux formations dans lesquelles la musique d’Auvergne invite d’autres cultures… La première, « Voyage de Nuit », rassemble des musiciens de cultures traditionnelles de pays très différents : La célèbre Nuala Kennedy (flûtes et chant irlandais), Filippo Gambetta (accordéons diatoniques), Phillipe Guidat (guitare flamenca), Hamid Gribi (percussions) et François Breugnot. L’autre, intitulée « Le Grand Jam », est une création inédite, fruit de la rencontre entre le trio Sébastien Lagrange-Gaël Rutkowski-Kevin Vallely (accordéon diatonique, pipes, piano : musique Irlandaise) et le tout neuf « Cordofonic », ensemble trad-contemporain composé de trois violonistes (Fréderic Baudimant, François Breugnot, Didier Gris) et d’un contrebassiste (Stéphane Arbon). Ainsi, le projet global se cristallise autour de cette soirée, avec un concert d’ouverture mêlant musique d’auvergne et musique irlandaise, avec les élèves du CEDA.
Le travail commandé à François Breugnot concerne un ensemble composite, constitué d’un chœur d’enfants, d’une classe de flûtes, d’une classe de violons, d’un ensemble d’harmonie et d’une classe de musique actuelle. Nous avons demandé à François comment il avait procédé pour sélectionner les morceaux qui en composeront le programme :
« Il a fallu tout d’abord répondre au cahier des charges, qui était de présenter à la fois du répertoire auvergnat et irlandais. A partir de là, le critère de sélection des morceaux, c’était essentiellement la facilité à aborder les mélodies pour les néophytes qui n’ont pas l’habitude des musiques traditionnelles. Un des objectifs majeurs réside dans l’idée qu’à l’issue de la représentation, les musiciens connaissent les mélodies par cœur et puissent continuer à les utiliser comme bon leur semble…. »
Les mélodies qui ont leur petite idée derrière la tête
La complexité et la diversité des pupitres impliquent une écriture orchestrale à 9 voix, comment s’y prend-t-on pour écrire des arrangements aussi exigeants sur des mélodies traditionnelles ?
« Avant tout, il faut faire simple car les musiciens n’ont qu’un mois pour apprendre et répéter leurs parties, et d’autre part il est primordial d’accorder du temps à la compréhension de la mélodie de chaque air. Ainsi on calibre un arrangement en fonction du nombre de répétitions du thème dans le morceau, bien qu’il arrive souvent que l’on le soustraie par moments à l’arrangement, pour le faire revenir ou lui donner des colorations différentes. A partir de là, je fonctionne assez instinctivement en utilisant des rythmes superposées, en distribuant l’harmonie sur différents instruments, tout en essayant d’exploiter toutes les facettes d’une mélodie traditionnelle. Par exemple, mettre en valeur la modalité par l’insistance sur certaines formes, par des moments de bourdon etc… Mais j’aime bien jouer des deux, varier et exploiter les deux pistes sur un même thème : travailler sur une harmonie modale, ou l’absence d’harmonie verticale à l’aide d’un simple contrepoint, puis ensuite fabriquer une harmonie totalement tonale pour créer un autre univers au service de la mélodie. Mais fondamentalement, je cherche la fonctionnalité et j’aime la simplicité. J’essaye toujours de me mettre au service de ce que raconte la mélodie, qui a toujours une petite idée derrière la tête… En la répétant, on finit par lui donner un sens. Et souvent, il s’agit de revenir sur le phrasé, car c’est lui qui fait la force de ces mélodies. Cela créé un monde qui génère des ornementations, des silences, des accents, des idées… Au final on décide d’échafauder des fictions sonores sur un matériau monodique, mais ce qui doit rester à la fin, c’est la mémoire de ces mélodies et la curiosité des musiciens pour ce répertoire, un intérêt pour une future utilisation, quelle qu’elle soit. »
Rendez-vous le vendredi 27 Juin à Saint-Flour pour découvrir le rendu de ce projet !
Renseignements : www.festivalhautesterres.fr, www.tommefraicheproductions.com