Rencontre avec Virginie BASSET
Virginie est l’une des deux protagonistes de la création musique/danse Violons danseurs proposée dans le cadre du projet Massif * avec le soutien du CNV et de la SPEDIDAM.
Virginie, violoniste de formation classique a rencontré les musiques traditionnelles en Auvergne et a fondé avec Jac Lavergne la Compagnie Léon Larchet. Sa curiosité et son ouverture l’ont amené à partager de multiples expériences artistiques tant dans les domaines du théâtre que de la danse **.
Gabriel Lenoir qui partage cette nouvelle aventure est un musicien de Lille qui, lui aussi, a eu une formation en école de musique, puis a redécouvert le violon à travers les musiques à danser françaises et européennes. Il a créé le groupe de bal Shillelagh, et joue également dans Havelange et le trio Guerbigny.
Quand avez-vous fait connaissance ?
A Gennetines il y a quelques années. Etant musicienne de bal depuis un moment déjà, j’avais décidé d’apprendre à danser.
Un soir, j’ai vu Gabriel qui terminait le bal de Shillelagh au milieu des danseurs en allant danser une valse, instrument en main, avec une clarinettiste. Tout fonctionnait en même temps : les pieds, les mains, le souffle. Du coup ça a vraiment éveillé mon intérêt, et très vite nous avons eu du plaisir à croiser nos violons et nos manières de danser.
Pourquoi en tant que violoniste es-tu intéressée par cette question de la danse ?
Pour plusieurs raisons.
Depuis que je fais ce métier très souvent j’ai été amenée à travailler, au-delà des situations de concerts, avec des chorégraphes et des metteurs en scène sur des spectacles où se posait la question de la présence scénique au sens large. Etre musicien sur scène ce n’est pas simplement bouger ses bras et ses doigts pour faire fonctionner son instrument, nous sommes un corps sur scène .
Par ailleurs, des rencontres professionnelles que j’ai faites, tant dans le monde des musiques et danses traditionnelles que dans celui des musiques et danses contemporaines, m’ont amené à travailler sur des répertoires où les questions de la liaison du mouvement et du son se posaient.
Quelles possibilités de mouvement avons-nous quand on est entrain de faire du son ?
Quel son pour générer quel mouvement ?
Je pense notamment à mon travail avec Thierry Lafont danseur – chorégraphe de la Cie Axotolt que j’ai fait danser en improvisation : je jouais, il dansait. Sa danse transformait mon jeu et à force de travailler ensemble la musicienne et le danseur finissaient par se confondre et on se retrouvait avec 2 musiciens et 2 danseurs !
En danse traditionnelle la relation est plus évidente, avec Jac Lavergne & la Cie Léon Larchet j’ai fait danser avant d’être moi-même danseuse mais je voulais comprendre un peu mieux les appuis musicaux, et puis ça m’a plu, c’était comme une sorte de virus, ça s’est emparé de moi, surtout le côté diabolique de la bourrée !
Pour ce spectacle ce qui nous plaît beaucoup aussi c’est de mettre à mal l’idée que le violoniste c’est quelqu’un de sérieux bien calé sur sa chaise. Dans ce qu’il me reste d’adolescence j’ai envie de prendre le contre-pied de ça et d’expérimenter les limites du jeu et de la danse en même temps !
« Faire danser la musique »
Tu es donc passée du statut de violoniste qui ne dansait pas à celui de violoniste-danseuse. Est-ce que ça a changé quelque chose dans ton jeu ?
Oui, ça a changé la façon de faire balancer la musique.
Les appuis que mon corps a trouvé, je les ré-injecte musicalement. C’est subtil et en même temps ça change tout. C’est une façon de produire et d’accompagner le mouvement.
C’est ce qui fait que la musique s’empare des danseurs.
C’est mettre du relief dans la musique qui soit propice à la danse.
Pour en venir au spectacle, comment l’avez vous travaillé ?
Avec Gabriel l’envie de faire quelque chose ensemble est née il y a 3ou 4 ans. Il a semblé que jouer et danser ensemble était ce qui nous réunissait. Ensuite, il nous est paru évident qu’il fallait le faire dans la bonne humeur, de manière ludique c’est à dire dans une approche qui ne soit pas celle de spécialistes mais une approche tout public. Le fait que nous soyons violonistes et danseurs est au service d’une histoire, pas une histoire conventionnelle d’un homme et d’une femme qui jouent du violon et qui dansent …mais plutôt une histoire de fratrie et de double : on a des parcours semblables, on a des manières de jouer qui se sont rencontrées très facilement, on a physiquement des gabarits qui sont à peu prés équivalents…A partir de là nous travaillons sur différentes combinaisons : à certains moments il y a une danseuse et un musicien, à d’autres 2 danseurs et 2 musiciens, parfois nous jouons sur un seul violon…
C’est une histoire sans paroles avec quelques clins d’œil chantés. Seuls les corps et la musique racontent l’histoire. Nous avons beaucoup de matière que nous mettons en ordre avec l’aide de Florence Bernard qui est notre regard extérieur. Elle est comédienne, également musicienne et elle a une formation de clown.
Allez-vous faire un travail particulier en lumières ?
C’est Pierre Cros que j’ai rencontré sur d’autres spectacles notamment de danse contemporaine qui va s’en charger. Il sait faire du magique et du merveilleux avec peu de technique. Pour l’instant ces lumières vont être assez simples et efficaces et demanderont à être retravaillées ultérieurement car j’espère que c’est un spectacle qui va nous accompagner pendant plusieurs années.
Quelques rendez-vous :
- 20 avril 18h à St Yrieix la Perche lors de la journée de présentation des différentes créations dans le cadre du projet Massif
- 24 avril à 17h à Gannat dans le cadre de Massif Musiques et Danses
- 26 mai à 20h à Calais dans le cadre du festival Violons Chants du monde
José Dubreuil
Pour en savoir plus sur le projet Massif : http://www.patrimoine-oral-massif-central.fr/
Pour en savoir plus sur Virginie Basset et Gabriel Lenoir :